Bravados
7.1
Bravados

Film de Henry King (1958)

Contre la justice expéditive et le lynchage, pour la pendaison et la rédemption

Avec le western classico-classique des années 40-50, j'ai personnellement le sentiment qu'on a tendance à tout le temps surévaluer les petites touches qui participent à l'histoire de la transformation du genre, à savoir tout ce qui fera que le genre quittera peu à peu son système de valeurs ultra-codifié et manichéen pour explorer des territoires plus ambivalents et plus riches sur le plan moral ou intellectuel. Il suffit qu'on relève des traces de nuances, quelles qu'elles soient, et ça y est, on a affaire à un western avant-gardiste et qualitatif, alors que sur le plan purement logique, tout ce qu'on peut conclure c'est qu'il s'agit de quelque chose de simplement mieux que le western traditionnel pétrifié dans sa recette surannée.


Le film appartient à cette catégorie de westerns qui entendaient embrasser des discours allant à l'encontre de la traditionnelle célébration des valeurs machistes de l'ouest américain, vengeance, violence, etc. Les ficelles sont grosses mais elles n'empêchent pas d'apprécier le récit de cet homme mystérieux incarné par Gregory Peck, débarquant dans une ville où va avoir lieu 4 pendaisons pour les contempler. On comprend tout de suite qu'il a subi lui-même des horreurs au sein de son foyer, et que ceux qu'ils croyaient être les assassins de sa femme ne le sont pas. "The Bravados" en fait beaucoup, et ce n'est pas très fin, cette révélation progressive qui est censée déboucher sur l'une des dernières scènes où le héros est confronté à celui qu'il croit être son antagoniste, mais qui se révèle être un bon père de famille totalement innocent (enfin, pour ce qui le concerne personnellement du moins). L'histoire est farcie de facilités et de choses questionnables (l'histoire du mensonge du vrai coupable est ténue), mais elle illustre l'aveuglement par ce désir de vengeance qui a structuré le genre pendant des années.


Les "méchants" ont beau clamer leur innocence, Peck s'en balance royalement et les assassine froidement. C'est là que le film est le plus intéressant, lorsqu'au terme de son périple, il se voit acclamé par la foule alors qu'il s'est magistralement planté sur toute la ligne. Il a tué des bad guys (Henry Silva et Lee Van Cleef, entre autres), mais pas pour les bonnes raisons... À côté de ça, de nombreuses chevauchées nocturnes bleutées, une condamnation de la justice expéditive, et une rédemption religieuse concluant un parcours jonché de culpabilité. Poussif, mais curieux.

Morrinson
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le 23 avr. 2024

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