Bravados

Henry King, c'est l'homme de "David et Bethsabée" et de "la Cible Humaine", deux très grands films tournés d'ailleurs avec Gregory Peck ... qui est l'acteur principal des "Bravados".
Gregory Peck est, de mon point de vue, un des plus grands acteurs Hollywoodiens. S'il y a un mot qui lui irait bien, c'est celui de gentleman. Bel acteur, il est porteur de valeurs morales et sûres dans la plupart de ses rôles au cinéma. Un de ses rôles parmi les plus beaux restera celui d'Atticus dans "du Silence et des Ombres".

Après avoir mis en perspective Henry King et Gregory Peck, venons-en au western "Bravados" dont on peut dire qu'il a deux niveaux de lecture.

Le premier correspond au scénario de base qui raconte une histoire simple de vengeance d'un rancher qui poursuit des bandits ayant violé et tué son épouse. On est dans le western classique avec une mise en scène somptueuse dans des paysages magnifiques (peut-être au Nouveau Mexique, lieu où l'action est censée se passer). Le rancher (Gregory Peck) est un homme taciturne, froid et implacable qui chevauche, de jour comme de nuit, tout à ses pensées de vengeance. Une nouvelle affaire de viol commis par ces mêmes bandits poursuivis relance et justifie l'action punitive.

Le deuxième niveau de lecture est beaucoup plus complexe et bien entendu, plus intéressant.
Il se trouve d'une part qu'il y a erreur sur les vrais coupables du viol et du meurtre de la femme du personnage joué par Gregory Peck et que d'autre part, les bandits poursuivis sont quand même d'abjects individus qui ont largement mérité la corde. Ainsi Gregory Peck se trouve être l'instrument d'une justice qui n'est pas la sienne d'autant que le vrai coupable a, lui, par ailleurs et fortuitement, été puni. Mais ceci, Gregory Peck le découvre, comme le spectateur, à la fin. S'ensuit un questionnement sur son aveuglement et son action punitive. On pourrait même trouver dans ce western une amorce de réflexion sur la légitimité et les risques d'une justice sommaire et individuelle (sommaire parce qu'individuelle). On pourrait aussi s'interroger sur la position ambiguë donnée par le scénario à l'Eglise qui se veut apaisante sans vraiment rien résoudre...

Au delà de ces considérations, le rythme du film est soutenu. Les scènes d'action bien menées. Bref, on ne s'ennuie pas pas dans "Bravados".

Parmi les autres acteurs, il y a Joan Collins qui joue un rôle d'une ancienne amie du personnage joué par Gregory Peck. Quelques belles scènes entre ces deux acteurs. Un peu plus de subtilité dans leur relation n'aurait toutefois pas gâté.
Et dans les rôles de bandits, un encore jeune Lee van Cleef et Stephen Boyd.

Bon western que je qualifierai, quand même, d'énigmatique …