A la fin du XIIIe siècle, en Ecosse, le peuple se révolte contre le joug du roi d’Angleterre Edouard Ier (Patrick McGoohan). Rapidement, William Wallace (Mel Gibson) devient la grande figure unificatrice de ce mouvement indépendantiste. Mais il va faire face à de fortes divisions internes, qu’il doit réussir à effacer s’il veut atteindre son but…


Si on se fie au célèbre principe qui veut qu’on reconnaisse un blockbuster américain au nombre de fois que le mot « liberté » est prononcé, Braveheart a tout du blockbuster américain. Sirupeux à souhait, le film de Mel Gibson en fait souvent trop dans le sentimentalisme à la Michael Bay, cochant une à une toutes les cases du film hollywoodien avec une constance qui forcerait presque l’admiration si elle n’avait tendance à atténuer les qualités pourtant indéniables de cette fresque historique.
Car de qualité cinématographique, Braveheart n’est pas dépourvu, bien au contraire. En effet, la réalisation de Mel Gibson, admirablement secondé par son directeur de la photographie John Toll, donne tout son souffle à l’épopée qu’il met ici en images. Servie par d’excellents acteurs et une musique parfaite signée James Horner, cette dernière convainc par sa magnificence et une reconstitution historique crédible (à défaut d’être vraiment rigoureuse) qui donne un vrai cachet à cette adaptation pourtant très libre de faits historiques.
En effet, malgré tout le bien que l’on pense du film, il est impossible de ne pas tordre du nez face à certaines approximations et anachronismes violents, même si Mel Gibson nous fait annoncer dès le début du récit par son narrateur que l'Histoire n'est que question de point de vue et qu'on s'arrangera donc avec elle (ce qui n'excuse pas vraiment les anachronismes). Que les Ecossais du XIIIe soient vêtus de kilt, vêtement apparu au XVIe siècle, passe encore, mais que le scénariste Randall Wallace accrédite la légende du droit de cuissage, mythe inventé par les autoproclamées « Lumières » du XVIIIe siècle pour discréditer le Moyen-Âge, c’est déjà beaucoup plus pénible, presque autant que de déplacer la date de naissance d’Isabelle de France pour la faire coucher avec le héros écossais (mais on lui pardonne, c'est notre Sophie Marceau nationale), alors même qu’en réalité, elle avait environ 3 ans au moment des faits racontés par le film...
Mais comme Wallace et Gibson ont bien dit être conscients des erreurs historiques de leur film, on se dit que, selon l’adage, faute avouée à moitié pardonnée. Et l’on préfère se concentrer sur l’aspect formel d’une œuvre cinématographique grandiose, qui méritera amplement ses 5 Oscars, plutôt que d’aller chercher la petite bête…
Surtout que Braveheart marquait véritablement la naissance d’un génie qui, s’il se révélera avare en films réalisés, saura nous offrir de très grands films.

Tonto
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le 13 juin 2018

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