Cette épopée médiévale gigantesque au budget faramineux est une incontestable réussite, conciliant à merveille le souffle épique et les scènes intimistes. Pour sa seconde réalisation après le peu remarqué L'homme sans visage, Mel Gibson se met dans la peau de William Wallace, le plus grand héros indépendantiste écossais et enfile le kilt et les peintures tribales en frappant un grand coup. Il s'investit totalement dans ce projet et livre un grand film d'action historique, sauvage et musclé, avec des scènes de batailles d'une violence inouïe et d'un ultra réalisme sanglant encore jamais vu en 1995 ; c'est après ce film que les productions historiques à Hollywood vont appuyer le réalisme brutal des batailles et des combats rapprochés. On peut lui reprocher quelques longueurs et une propension à montrer le côté le plus vil et le plus détestable des Anglais, mais dans ce genre de film glorifiant un héros écossais et son désir de s'émanciper de la botte anglaise, c'est assez inévitable. Gibson atténue l'aspect trop guerrier en une vision un peu romantique par endroits de l'indépendance écossaise, et montre bien les manigances politiques retorses qui conduisent à la trahison. L'interprétation est remarquable, à l'image de Patrick McGoohan qui campe un roi Edward Ier impérial, de même que la BO de James Horner qui prend soin de ne pas abuser des cornemuses, souligne avec éclat cette fresque magistrale.