Plus je le vois, plus je monte la note. Il serait parti de 7, comme pas dupe quant au bordel qui tourne un peu trop autour de la même idée. Mais 8, parce que même s'il n'atteignait pas la tension de "L'armée des 12 singes", sa personnalité en jetait décidément beaucoup. Et aujourd'hui, 9. Parce que déjà, Jonathan Pryce compose un antihéros décidément hallucinant. Et parce que c'est bien le bordel comme dans la tête de Terry Gilliam mais la traque de chaque plan montre encore et encore que tout y est malgré tout, c'est juste le bordel. C'est léger et pesant et même si ce n'est pas évident à digérer, la vie aussi est légère et pesante. Il y a tant de rêves en ce monde qu'ils pourraient bien en effet nous sauver chaque jour de l'insupportable réalité.

Dans cet enchevêtrement de tuyaux, de gaz, de papier et de merde, Tuttle le plombier moustachu s'en va en tyrolienne dévalant 50 étages en 3 secondes à -85 degrés avec une classe impossible qui semble presque crédible. C'est tout le génie de nous faire croire, espérer même, en ce personnage qui bouge et agit comme quelqu'un d'irréel. Nous sommes comme prisonnier de ce basculement incessant entre la folle espièglerie du rêve et l'austère réalité de l'Homme, et ce pour chaque personnage, chaque situation, chaque plan, chaque objet du cadre. L'amour et le rêve ne font plus qu'un pour combattre les démons dictatoriaux dégurgités par Terry Gilliam.

Impossible d'imprimer une bonne fois pour toute la partie finale toute en vrille accélérée, d'où une irrémédiable et étrange envie de le revoir, peut-être pas de si tôt mais juste le revoir. C'est fait. Jamais le final ne m'avait aussi ému.

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le 20 juin 2012

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drélium

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