Après s'être illustré au travers des "Monty Python", le réalisateur visionnaire Terry Gilliam, mit en marche un projet ambitieux et subversif, à savoir une dystopie uchronique mettant en scène un employé quelconque au sein d'un monde totalitaire ultra-bureaucratique, ne laissant aucune place à la moindre forme de personnalité ou de libre arbitre; c'est sur cette base là que naquis "Brazil" une oeuvre à la fois centrale dans la carrières du réalisateur, et pour la science-fiction dans son ensemble. En effet, l'objectif même d'une oeuvre de science-fiction est de proposé de manière métaphorique, une vision de la période dont elle est contemporaine, et pour moi, "Brazil" correspond exactement à cette définition; à l'instar de "Blade Runner" sortie 3 ans plutôt, proposant en guise de propos central une critique acerbe de la société de consommation actuelle, trouvant un écho encore plus spécifique dans la production de Gilliam, via la présence d'un terrorisme lattent obligeant "l'Etat" à accroître son contrôle sur les populations. Cependant, les dérives bureaucratiques dénoncées, se corrèlent avec le paraître mis en exergue par les abus de chirurgie esthétique, ou encore la surexposition des images, sans oublier l’égoïsme omniprésent dans les mentalités mondaines.
C'est dans cet environnement que Sam Lowry, un parmi tant d'autres, va décider peu à peu de changer sa façon de vivre et de suivre 'l'amour" dans tout ce que ce terme inspire comme rébellion. S'évadant dans des rêveries loufoques, camouflant son manque d'esprit critique par sa personnification en super-héro, notre personnage d'un temps va devenir perturbateur à la suite d'un rebondissement saugrenue, traduisant à lui seul le second degré de l'oeuvre, alternant entre la joie, la tristesse, le dégoût, la démesure voir même l'admiration notamment sur le plan esthétique. Tout en montrant très peu d'éléments, Terry Gilliam arrive à créer une vraie identité visuelle et architecturale à son oeuvre, procédé qu'il réitérera pour "L'armée des 12 singes"; en effet la couleur, les formes dominantes traduisent à la fois la rigueur exercée, mais aussi l'influence "Steampunk" s'offrant une réel porte-étendard culturel.
Porté par un casting en tout point convainquant, notamment Jonathan Pryce, "Brazil" constitue une oeuvre fondamentale de la science-fiction, proposant une réflexion sur notre société et le totalitarisme, tout en influençant de nombreuses futures productions et réalisateurs, à l'image de Zack Znyder et son "Sucker Punch", qui reprend l'aliénation kafkaïenne et le souffle anarchiste qui caractérisent "Brazil".