Pour apprécier ce film, tout dépend du prisme par lequel on le prend. Si c’est sur le versant du pur et simple film de braquage, pas sûr qu’on s’en souvienne très longtemps. A mi-chemin entre « Négociateur » et « John Q », ce premier film de Abi Damaris Corbin souffre d’un côté trivial et déjà-vu trop important pour se démarquer. De plus, il manque d’ampleur à tous niveaux. Que ce soit dans une mise en scène tout juste illustrative voire paresseuse et sans idées particulières ou dans l’absence sidérante de péripéties. Le tout début du braquage - ou plutôt de la prise d’otage - contestataire est captivante et interpelle mais plus ça avance sur la durée plus « Breaking » devient prévisible, routinier et un peu trop plat.
En revanche, d’un autre côté, il est à noter que ce petit film resté inédit chez nous et sorti en pleine crise sanitaire aux Etats-Unis recèle un fond social passionnant et dépeint en filigrane le parcours d’un homme brisé par la vie et surtout son pays qui l’a abandonné. Cet ancien combattant qui se bat pour obtenir sa pension d’invalidité en tant qu’ancien combattant est touchant parce que cette histoire pourrait être celle de tant d’hommes et femmes ayant servi leur pays et se retrouvant sans rien. C’est édifiant. C’est bouleversant. « Breaking » pointe d’ailleurs du doigt avec acuité pas mal de choses ici, d’ailleurs peut-être un peu trop : les médias manipulateurs et qui courent après l’info spectacle, la rigidité administrative et ses dérives kafkaïennes ou encore l’abandon total avec lequel doivent vivre les soldats américains au retour du combat. Tous ces aspects connexes, qui font le contexte et la raison du braquage, en sont donc le sel et là réside tout l’intérêt du film.
John Boyega tient peut-être là son meilleur rôle post- « Star Wars ». Il fait beaucoup penser à Denzel Washington en incarnant ce père et soldat bafoué (d’ailleurs on aurait bien vu le comédien oscarisé dans un rôle comme celui-là). Les seconds rôles sont également tous bien campés par des acteurs plus ou moins connus même si certains n’ont pas assez de temps de présence à l’écran tel que Connie Britton vue dans « The White Lotus » en journaliste empathique. L’autre gros point faible de « Breaking » est sans conteste toutes les invraisemblances qui pullulent durant la seconde partie du braquage. On ne compte pas le nombre de fois où les deux otages auraient pu se sauver ou celles où le personnage principal pourrait se faire arrêter. Au point que cela en deviendrait presque agaçant. Au final, c’est un suspense tout justet captivant mais surtout qui parvient à toucher notre fibre émotionnelle et à nous soumettre à sa cause juste.
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