ça va mieux la deuxième fois.
A la première vision, j'avais vraiment été dérouté par ce film de Johnnie To, et son rythme si particulier, pas aussi survolté que l'on pourrait le penser au premier abord.
Une équipe de continentaux est venue faire un gros casse, avec des armes lourdes et des grenades plein les poches. Un flic les cherche pour stationnement gênant, ce qui déclenche une tuerie au cours de laquelle un policier en uniforme demande grâce devant les truands. Les six truands rescapés se réfugient dans un immeuble. Découverts, ils se barricadent et prennent des occupants en otage. La police, pour laver son honneur, lance une opération à grand spectacle, orchestrée par la jeune Rebecca, qui y associe les médias. Mais les truands ripostent en balançant sur le net des contre-vérités : une explosion de bonbonne de gaz qui a obligé les policiers à refluer ; un repas bon enfant avec les otages... Il y a aussi deux autres mafieux, pris par hasard dans cette nasse. L'un d'eux se lie d'amitié avec un des continentaux (la cuisine les rapproche). Alors que la tentative de fuite tourne au jeu de massacre, le plus âgé confie son contrat au plus jeune. Ce dernier parvient à fuir et à prendre en otage Rebecca, qui est délivrée par Cheung, une tête chaude sans cervelle.
A la première vision, le montage délibérément haché de To, qui vise à recréer l'emballement des informations, est déroutant, d'autant que le réalisateur, contrairement à son habitude, triche avec l'espace et déstructure délibérément ses scènes d'actions, jusqu'à ce qu'elle ne semblent parfois pas crédibles (je pense à la scène finale). Mais ces plages au rythme hystérique alternent avec des moments plus authentiques où l'on trouve déjà quelque chose de la nostalgie douce-amère d'un "Sparrow". C'est donc très déroutant.
Séquence amusante, avec une musique entrainante, où les policiers distribuent des plateaux-repas, puis semblent à la peine sur la digestion. Le seul film de Johnnie To, à ma connaissance, à avoir une blague de pet.Plus tard, défilé d'interviews gerbantes de policiers faisant des témoignages-choc pour défendre leur métier.
Dieu merci, To n'a pas complétement cédé à la mode du "found footage", genre "Blair Witch".
Ce n'est clairement pas mon To préféré, car les mouvements de caméra énervé évoquent à première vue de l'esbroufe comme on en voit encore trop. Il m'a fallu une deuxième vision pour l'apprécier, et s'il est moins uni, ses choix esthétiques incitent à la réflexion. J'aime beaucoup le plan dans la cage d'ascenseur, tourné en studio, ça fait très onirique de voir les acteurs de loin, enfermé dans cet espèce de couloir vertical. La direction d'acteurs est comme toujours magistrale, avec une Kelly Chen parfaite en spécialiste de la comm' froide, voire frigide, et un Nick Chueng en paragon de héros d'action assez ridicule (un cas rare de rôle qui devient de plus en plus unidimensionnel au fur et à mesure que le film avance). Richie Ren, en truand flamboyant qui tombe amoureux de celle qui lui donne la chasse, est touchant.
Bref, pour ma part, j'apprécie moins "Breaking news" en tant que brulot anti-médias qu'en qualité de film noir nostalgique. Chacun sa route, chacun son chemin, comme a dit le poète.