Un récit touchant et sensuel sur un drame familial. Les jeux de G.Pearce et F.Jones sont formidables
Un récit touchant et sensuel sur un drame familial. Une authenticité se dégage des jeux d'acteurs combinés de Guy Pearce et de Felicity Jones. Le réalisateur Drake Doremus laisse à ses acteurs le soin de s'exprimer et le film se laisse porter leur performance, de même que par une musique harmonieuse et justifiée. Seul le climax trop écrit fait un peu fausse route...
Guy Pearce campe Keith Reynolds, un professeur de musique et père de famille. Nostalgique de son passé d'artiste, Keith se désole que son épouse et sa fille ne partagent pas sa passion avec autant de ferveur. C'est en la personne de Sophie, jeune lycéenne anglaise amatrice de piano que la famille accueille dans le cadre d'un programme d'échange scolaire, que Keith va retrouver une part de bonheur et de passion. Très vite, tous deux vont se livrer à une relation sensuelle et dangereuse. C'est avec beaucoup de finesse et de délicatesse que Drake Doremus aborde cette histoire d'amour, sans jamais la traiter sous l'angle de l'adultère pur et dur. Préférant les jeux de regards aux paroles, les indices aux actions directes, les métaphores à la réalité, c'est tout en douceur que le réalisateur amène son sujet, prenant le temps de construire des scènes éprises d'une forte sensation de réalisme.
Sans tomber dans des effets larmoyants suscités par des dialogues, des cadres ou des musiques trop appuyées, Doremus laisse à ses acteurs le soin de s'exprimer face à une caméra jamais totalement stable. Dès lors, une étrange alchimie s'opère entre les protagonistes, qui s'enflamment d'eux-mêmes. Une authenticité palpable se dégage des jeux d'acteurs combinés de Guy Pearce et de Felicity Jones. Doremus parvient habilement et avec beaucoup de sensualité à illustrer l'attirance mutuelle entre les deux personnages et le manque qu'ils expriment. La grande qualité de la mise en scène de Doremus, c'est qu'il parvient à montrer des sentiments profonds par une réalisation de l'ordre de l'intime, à savoir qui ne cherche pas à exposer de manière claire et précise les émotions de chacun des personnages.
C'est de cette installation habile et principalement grâce aux interprétations des acteurs que le film tire toute son expressivité, sa sensualité et sa beauté. La musique, quoique discrète, joue un rôle primordial dans le résultat final, d'autant plus qu'elle tient un rôle dans le quotidien des personnages. Par exemple, la scène dans la classe où Keith demande à Sophie de jouer un air au piano en guise de présentation dégage quelque chose de puissant. Tandis que les mains de Sophie se déchaînent sur le piano, suivie par une caméra tantôt lyrique tantôt bousculée, nous voyons en parallèle Keith en train de scruter Sophie et de l'écouter jouer.
Une autre scène réussie du film est sans aucun doute celle où Sophie, voyant Keith préoccupé, lui demande de s'asseoir et d'inspirer puis d'expirer calmement. Par un son subjectif, quelques gros plans de la bouche de Keith respirant suivis d'un échange de regard, Doremus parvient à saisir de manière érotique cette attirance mutuelle entre ces deux amants interdits.
Si toute l'installation de cet amour encore inavoué est mise en scène de manière sublime, et ce jusqu'à la scène du baiser, on ne peut malheureusement pas en dire autant du 3e acte. Trop écrite et présentant beaucoup trop de coïncidences pour être naturelle, la situation s'emballe soudainement et l'aspect dramatique bondit drastiquement jusqu'à atteindre un climax qui nous laisse quelque peu sur notre faim. D'un autre côté, Doremus fait volontairement le choix de ne pas s'attarder sur les travers et les conséquences de l'adultère, préférant se focaliser sur le récit romantico-sensuel entre Keith et Sophie qu'il a minutieusement dressé.
Nous retiendrons le lyrisme et le calme avec lequel Doremus aborde ce drame familial doublé d'une histoire romantique, ainsi que les jeux des deux protagonistes principaux. "Breathe In" est un beau film !