Pour lire en musique, Breathless-Bande-son de Old Boy.
Si le réalisateur m'était inconnu, je ne suis pas prêt d'en oublier la performance, à la fois en tant qu'acteur principal, scénariste, réalisateur, producteur, monteur, Yang Ik-june convainc de par son talent atypique.
Breathless traduit visuellement un souci de réalisme qui porte véritablement le métrage et précipite son spectateur dans un quartier sordide à la suite de Sang-hoon, recouvreur de dette spécialisé dans la praline bien torchée et la violence primaire à coup de pompes dans la tronche, de préférence. Vulgaire, brute épaisse au comportement mutique et insolent qui explose en une formidable tempête l'espace d'un instant, Sang-hoon est un être brisé à la dérive qui met toute sa rage et sa haine dans son métier. C'est sa rencontre avec une lycéenne forte en gueule, Yeon-hee (Kim Kkot-bi) qui amène progressivement Sang-hoon à reconsidérer sa vie et à cesser de détruire pour tenter de bâtir sur les ruines de sa vie.
Yang Ik-june est un autodidacte qui apprît sur le tas le métier d'acteur, de réalisateur et de scénariste en menant une vie de bohème, artiste fauché qui explose dans tous les festivals avec son premier long-métrage semi-autobiographique.
Même pour le spectateur non-averti, le parallèle avec Takeshi Kitano est inévitable tant Yang Ik-joon propose un cinéma ultra-personnel, pièce unique d'un type avec une caméra et "quelque chose à raconter", expérience cathartique qui se nourrit d'un passé difficile, de son vécu et de celui de ses proches.
C'est toute la force de ce métrage qui en fait une bobine à part dans le cinéma coréen et pourtant aisément rattachable au "genre" Coréen.
Breathless est un métrage à la violente viscérale, presque insoutenable et mise en scène avec une sobriété crue. Caméra numérique au poing, les coups sont distribués sans fioritures amenant au spectateur une proximité dérangeante et un sentiment quasi-documentaire qui donne à ce film une touche très personnelle.
Mais c'est par la forte volonté de son auteur que Breathless s'éloigne des polars noirs coréens qui ont fait la réputation du pays. Yang Ik-joon nous livre un affrontement familial fait de violences conjugales et de rapports père-fils conflictuels. Le film s'ouvre d'ailleurs sur une scène publique, dégradante, un homme battant sa femme et Sang-hoon qui s'interpose pour mieux passer sa rage sur le mari.
Rapidement on devine la fêlure sous la brute, le ressenti envers le père, le dialogue inexistant et les relations faites de violences et de haines. Partout où il passe, c'est le même constat, il n'y a
Que des pères de merde dans ce pays.
Interrogeant cette brisure, ce champ de ruines qu'est la famille, Yang Ik-joon s'emploie à la reconstruire ailleurs, dans les relations entre Sang-hoon, son neveu et cette écolière.
Son tour de force est de nous présenter un recouvreur de dettes proprement antipathique, vecteur lui-même de violence qui se porte au-delà de toute rédemption tout en gardant une facette humaine à travers ses relations avec son neveu, avec son patron et ami.
Pour finir par rendre profondément humain son héros, le pousser dans la bonne voie. Tandis que d'autres jeunes prennent le chemin de la violence.
Quant au final...
Pour en savoir plus :
http://english.chosun.com/site/data/html_dir/2009/04/10/2009041061002.html
http://www.koreatimes.co.kr/www/news/art/2009/04/141_43032.html