Je reste toujours sans voix sur la capacité qu'a le cinéma coréen à me faire presque hurler intérieurement de dégout devant mon écran.
C'est justement ce dégout rageur qui suinte à vue d'œil chez Sang-Hoon, le personnage principal tellement torturé du film, lui qui évolue dans un monde de merde avec une vie de merde. Tantôt horrible et inquiétant, tantôt touchant, il finit par trouver un exutoire providentiel dans un alter ego féminin qui révélera sa véritable nature, et le point auquel il est rongé par de vieux démons.
Car j'ai vraiment été captivé par ce qui s'apparente à la libération d'une âme, paradoxalement provoquée par une confrontation à une autre, avec qui partage finalement de nombreux points communs.
J'ai été d'autant plus captivé par l'évolution positive qui suit, ce chemin prometteur vers la paix intérieure. Mais on ne vend pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué (expression en mousse), l'ours étant ces véritables engrenages qui ont engendré le Sang-Hoon du début du film et qui revient en force, matérialisé par le frère de l'alter ego en question, et qui part sévèrement en freestyle.
On en arrive donc à la conclusion du film, très forte, très vomitive aussi, qui brise d'un seul coup l'espoir qu'avait fait naitre son héros, et qui met finalement en exergue le triomphe d'une haine engendrée par la haine et engendrant la haine dans une boucle sans fin.
Certes, ce n'est pas une morale inédite, surtout dans le cinéma. Mais la justesse avec laquelle elle est dépeinte, la force des personnages, le réalisme clairement affiché, la servent grandement.
Nous avons sans doute là le film coréen qui m'a le plus touché, et je dirai même horrifié. Et la concurrence ne manque pas dans le coin.
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