Produit par Charles Band, par l'une de ses sociétés, Wizard Video, connue aux États-Unis pour avoir été la première à distribuer en VHS les films de Jess Franco ou Lucio Fulci, Breeders est le troisième long-métrage de Tim Kincaid réalisé, sous son vrai nom, pour la seule année 1986. Après le WIP Bad Girls Dormitory, et le science-fictionnel Robot Holocaust, Kincaid mettait ainsi en pause sa carrière dans la pornographie gay, dissimulé derrière les pseudonymes Joe Gage et Mac Larson, avant un retour aux affaires au début des années 2000. De ce parcours similaire à celui de son collègue David DeCoteau, qui signa quant à lui au début de sa carrière plusieurs films X (sous le patronyme David McCabe/Doe), dont New Wave Hookers, avant de se lancer dans le cinéma de genre avec les films d'horreur Dreamaniac et Creepozoids, Tim Kincaid se distingue toutefois par le nombre réduit de ses réalisations Bis, ce dernier y mettant un terme dès 1988 avec The Occultist. Enfin, mis en scène dans la foulée du supra-foutraque Robot Holocaust, si Breeders n'a pas gagné au fil du temps ses galons de film culte, ce long-métrage fauché n'en demeure pas moins un classique du genre, caractéristique des productions horrifiques tournées dans le New-York de la décennie 80. Désormais disponible en import au format Blu-ray.


Variation autour du thème du monstre libidineux, Breeders pourrait s'inscrire, non sans raison, comme un plaisir coupable pour un public mâle venu requérir sa dose de déviance : budget anémique, acteurs en roue libre, nudité gratuite, maquillages crapoteux, etc. Or, sans contredire cette liste portnawak, cet unique essai horrifique signé Tim Kincaid remplit toutefois dans les grandes lignes le cahier des charges, en dépit d'un récit on ne peut plus linéaire et répétitif. Mais qu'importe le contenu, pourvu que l'on ait l'ivresse déviante.


Au casting, seule actrice à rester habillée (en sa qualité de femmes de sciences ?), Teresa Farley retrouve pour ce film ses anciennes camarades de détention, Frances Raines, LeeAnne Baker, Natalie O'Connell, codétenues dans Bad Girls Dormitory, et désormais vierges new-yorkaises en proie au dessein copulatoire d'un alien from the outer space. Comme évoqué précédemment, au jeu du meilleur prétexte à l'effeuillage de vierges, Breeders ravira les amateurs, le réalisateur mettant sans doute à profit sa précédente expérience, le grand prix étant à attribuer au jeune mannequin cocaïnomane qui, pendant la pause déjeuner de l'équipe photo, décide de faire de la gymnastique dans le plus simple appareil, avant, bien entendu, de faire connaissance avec ladite créature. Mieux, cerise sur le gâteau, si la fin ne dépareille pas du reste du métrage, se distinguant par son rythme léthargique, il n'en demeure pas moins que les dix dernières minutes feront trembler, sinon exploser, le détecteur de déviance avec les cinq maîtresses se baignant nues dans un cocon rempli de sperme extraterrestre.


D'un long-métrage que l'on pourrait aisément ranger dans les mauvais films sympathiques, Breeders évite plus d'une fois le couperet, le film bénéficiant paradoxalement d'une certaine bienveillance justifiée ou non (le seuil des exigences à propos des films de Kincaid étant, de toute façon, des plus bas depuis le traumatisant visionnage de son précédent Robot Holocaust). Nanti d'une durée réduite, réduisant l'influence des tares précitées, l'ensemble, mélange de gore bricolé et de voyeurisme softcore reste, on l'aura compris, plaisant, à défaut d'offrir quelques débordements transgressifs (à l'instar des œuvres de Frank Henenlotter).


Pour amateurs éclairés.


http://www.therockyhorrorcriticshow.com/2018/05/breeders-tim-kincaid-1986.html

Claire-Magenta
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le 11 juin 2018

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