Voilà un Eastwood étonnant. En effet, la mise en scène ne ressemble en rien à ce qu'il fera par la suite (par contre c'est dans la lignée de "Play misty for me"), et l'histoire est une romance assez poétique (et non un film d'action ou politique).
Certainement son scénario le plus personnel (même si ce n'est pas lui qui l'a écrit). Il s'agit là d'une romance entre un vieux riche et une jeune hippie. A priori ça ne peut pas marcher, mais l'intelligence de l'auteur est de faire croire à une possible fin heureuse. Les conflits s'en trouvent donc résolvables et donc identifiables. Les résolutions sont d'autant plus fortes qu'elles mettent vraiment en valeur la complexité des personnages qui doivent faire des concessions pour que ça marche. Leurs traits de caractère sont d'ailleurs très bien établis et très bien exploités.
La mise en scène est typique de l'époque, une caméra qui suit l'action sans trop d'effets, sans trop de symbolisme, un gros grain, un jeu d'acteurs naturel. D'ailleurs, Eastwood fait bien d'appeler Holden dans ce rôle de quinca, plutôt que de l'interprêter lui même. On sent bien au caractère du personnage que Clint aurait pu le jouer, habitué qu'il est de jouer les râleurs, mais ç'aurait été plus piquant, plus sec, alors que Holden amène ce qu'il faut de douceur à son personnage et rend donc l'idylle plus probable.
Bref, "Breezy" est une belle romance, dommage que les films de ce genre ne se calquent pas dessus.