La version longue du 6ème chapitre du "Décalogue" est la description fulgurante et bouleversante d'un rapport voyeuriste : d'une part, en vrai cinéaste, Kieslowski n'ignore pas l'importance de l'acte de voyeurisme, tout semblant naturellement plus beau, plus romantique, vu à travers la lorgnette du voyeur, la distance créant le mystère nécessaire à la passion... D'une autre, il décrit un univers où chacun observe l'autre, renvoyant clairement le spectateur à la paranoïa d'un monde totalitaire, où la sphère privée n'existe pas (... pas plus que l'Amour, sans doute !). Comme tous les grands films de Kieslowski, "Brève Histoire d'Amour" est avant tout une construction théorique plus qu'une traditionnelle étude psychologique, et c'est évidemment en cela qu'il tranche sur le tout venant de la production cinématographique. [Critique écrite en 1993]