Le scénario de Brève Histoire d’amour est simple : un jeune homme solitaire espionne sa voisine d’en face, une femme plus mûre et aux nombreuses aventures, et se décide un jour à l’aborder. Tomek se sert de son travail pour espionner et manipuler l’objet de son désir. Alors qu’il se décide à la rencontrer, le rapport de force s’inverse et la cynique Magda déroute le naïf Tomek. Elle-même remarquant alors la candeur du jeune homme éprouve alors une réelle affection pour celui qui ne semble pas atteint par la morosité ambiante de leur vie bétonnée.
Le film de Kieslowski est assez austère et lent, ce qui vient renforcer la grisaille et la mélancolie du quotidien de ses personnages. Au-delà du thème du voyeurisme, le réalisateur aborde avec une grâce volontairement maladroite la solitude et la recherche du rapport humain avec l’Autre. Ces personnages semblent comme des oisillons tombés du nid, ils trébuchent dans leurs relations et dans leur vie. Mais ils sont également fascinés par cet Autre si différent, vite idéalisé mais inatteignable. Chacun est déconcerté par ce que veut l’autre, mais essaie encore de former une connexion, de briser cette paroi (de verre) qui les sépare.
Film sobre et intime, Brève Histoire d’amour est riche d’émotions piégées sous la surface d’un quotidien désenchanté. Une jolie découverte, qui me donne envie de découvrir davantage du réalisateur.