Manque d'aboutissement

Après avoir vu le chef-d'oeuvre qu'est La double vie de Véronique et avoir regardé et plutôt rejeté Tu ne tueras point, Kieslowski adapte en long-métrage une deuxième histoire issue du Décalogue. Brève histoire d'amour est un film aux qualités existantes, mais qui souffre tout de même de quelques défauts.

Dans les gros points négatifs, je trouve quand même que la réalisation de Kieslowski se fait sans génie, sans effet de style qu'on retrouvait de manière agréable dans La double vie de Véronique. Il reste aussi l'aspect fort téléfilm des décors et une photo nettement moins travaillée que de coutume.

L'autre aspect négatif et c'est pour moi le principal demeure dans deux points du scénario. Le premier reste le manque de tension sexuelle évidente que dégage ce film alors qu'on a quand même affaire à une femme d'âge mûre qui reste néanmoins une croqueuse d'hommes. Où est cette chair, trop rarement suggérée dans ce cas-ci, où est cette tension ressentie par le jeune garçon, montrée finalement qu'une seule fois à travers une séquence qui se trouve à la fin du film. Tout demeure un rien trop plat. L'autre point est sur l'aspect finalement plutôt positif sur lequel se termine Brève histoire d'amour.

C'est dommage car l'actrice principale demeure justement très bonne dans ce film. Ensuite, le scénario n'est évidemment pas mauvais du tout. On a d'un côté le voyeur qui prend du plaisir à découvrir cette femme, à l'épier et finalement à perturber sa vie lorsqu'elle rencontre d'autres hommes. Ce sont les seuls moments où le jeune homme ne supporte plus de la voir. Malgré sa déviance, il l'aime sincèrement.

De l'autre côté, on a évidemment cette femme qui ne prend pas, tout d'abord, au sérieux notre jeune homme. Mais elle ne pouvait échapper à l'attrait qu'il représente puisqu'il est avant tout une proie qu'elle peut mettre dans ses filets. A force de le côtoyer, elle va finir toutefois par changer d'attitude et à devenir une toute autre femme. Une femme qui passe d'un amour pour le physique à celui de la personnalité.

Kieslowski livre donc un film aux qualités intéressantes, mais qui demeure inabouti sur certains points.