Le faucon maltais au lycée...
Imaginez le monde de Bogart et Hammett transposé au lycée.
C'est le point de départ de ce petit film, visant haut avec peu de moyens et avec un résultat plus que réussi.
Alors pourquoi aime-t-on ce film ? en premier lieu, les acteurs : Joseph Gordon Levitt (qu'on aimerait appeler Joe en toute intimité), Lukas Haas (ancien witness dans "witness", vu aussi dans "Inception" avec Joe Levitt) incarnant un dealer croisement entre Vincent Price dans la "Tombe de Ligeia" avec sa capeline noire et sa canne et un geek sorti d'un Comicon, et la belle Nora Zehetner, sorte de Mary Astor, séduisante et vénéneuse. A noter qu'Emilie de Ravin prête son joli minoi à la jeune victime.
Ensuite, la musique, les Velvet Underground au générique, des carillons pour maintenir le suspens dans une bonne tradition de "carny".
Et pour finir un scénario qui tire partie des meilleures ficelles des films noirs : "Le Faucon Maltais" bien sûr (le réalisateur ne cache pas d'ailleurs s'en être inspiré) avec sa femme fatale et son détective cynique, "Le Grand Sommeil" pour son intrigue alambiquée et aux nombreuses relations ambigües entre les personnages... A noter aussi que Rian Johnson a repris du vocabulaire propre aux films noirs façon "flics/indics", ce qui rend la version originale particulièrement savoureuse.
Évidement difficile de compiler tout ça en 1h30, l'intrigue autour de la fameuse "brique" n'est donc pas toujours évidente à suivre, un debriefing après visionnage s'impose souvent. L'effet du crescendo est particulièrement bien rendu par une escalade de l'enquête et l'évolution des antagonismes.
Mais ce qui reste vraiment fascinant dans ce film ce sont les procédés de caractérisation des personnages, ainsi leur appartenance à un clan : les partisans du "Pin" sont tous en noir, ceux de la brute musclée en marcel blanc, les nerd et indics sont tous trouvables dans les lieux sombres (librairies, cabines,...) ou à l'écart des autres (derrière l'école...), la pin-up femme fatale en robe à talons avec un rouge à lèvres écarlates et une voix de petite fille, et bien sûr le personnage cental, loser à lunettes (rangées soigneusement avant chaque bagarre). Les protagonistes n'échangent entre eux qu'à l'aide de codes, de secrets, de chantage, de menace et souvent de violence.
Reste que ce film navigue habilement entre teenage movie et film noir, en gros beaucoup de Hamett dans un peu de John Hughes.
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