Le premier long-métrage de Rian Johnson est une curiosité originale et sympathique, même si je pensais accrocher davantage à son concept de néo-noir situé dans l'univers lycéen.
Indéniablement, le jeune réalisateur parvient à imprimer sa patte formelle, dans un style personnel proche des codes du cinéma indie (plans fixes, rythme lent, ambiance musicale discrète, looks décalés...), émaillé de singularités remarquables (choix des cadrages, mouvements de caméra inattendus, humour visuel...).
Par ailleurs, Johnson situe son récit dans une Cité des Anges fantasmée, comme on ne la voit jamais au cinéma. Un Los Angeles quasi-désertique, froid et déshumanisé, dans une luminosité étrange (souvent matinale), où l'on ne croise pratiquement aucun adulte. De même, le lycée semble perpétuellement vide de ses occupants.
Dès les premières scènes, Johnson installe donc une atmosphère insolite, qui constitue l'un des principaux atouts de "Brick".
Sur le plan narratif, le réalisateur américain s'inspire donc des codes du film noir, appliqués à une population de lycéens ou de très jeunes adultes.
Son héros campé par Joseph Gordon-Levitt mène ainsi une enquête obstinée à la manière des illustres détectives privés du genre, au sein d'une intrigue à tiroirs dont les tenants et aboutissants restent mystérieux, voire insaisissables - même si le spectateur attentif comprendra l'essentiel avant la séquence finale.
Mais on pourra reprocher à Rian Johnson sa narration évasive, destinée à camoufler un scénario assez standard en réalité.
Quoi qu'il en soit, "Brick" finit par souffrir de son rythme nonchalant et des motivations allusives de ses protagonistes : certains décrocheront devant l'aspect filandreux de cette histoire peu vraisemblable. D'autres trouveront au contraire que cela contribue à son charme, au même titre que sa distribution originale, et dans l'ensemble convaincante, à l'image de Nora Zehetner (sorte d'Audrey Tautou américaine - en plus jolie), de Lukas Haas ou de Meagan Good.