C’est ce que parvient à faire magistralement Jane Campion dans ce film que je voulais voir dès sa sortie. Quinze années se sont écoulées depuis et je regarde enfin ce film. Le suivi de son déroulé éveille en moi un vif intérêt. Outre la beauté des costumes et les décors extrêmement travaillés, les lumières sont une source d'émerveillement renouvelé. Les lumières et les couleurs font de chaque scène un tableau finement calculé et maîtrisé. L'ambiance et les sentiments des personnages sont en accord parfait à chaque instant comme l'exige l'esthétique romantique. J'apprécie également la présence d'une musique qui réhausse la subtilité des sentiments et des ambiances qui se succèdent et forment une unité qui va au-delà de l'époque considérée. Non limitée à la période romantique, la créativité de la réalisatrice donne à ce jeu de l'amour et des sentiments un caractère intemporel. Et le film prend le temps de nous faire vivre chaque étape de cette courte possibilité de symbiose entre ces deux êtres si différents, comme une lente approche, puis comme un espoir sans cesse différé et enfin, comme un possible qui devient trop vite impossible. Le jeu sur les temporalités est vraiment très intéressant et participe à faire de ce film un véritable plaisir des sens et des neurones car la trame narrative est ténue et pourtant, chaque image, chaque musique a son importance et ne peut être supprimée. De plus, le plaisir des mots a une place majeure du début à la fin.