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Ne sachant pas grand-chose de Brimstone avant la projection, je me suis fait cueillir par ce conte corrosif radical dont l'auteur n'hésite pas à corser la violence pour sonder les méandres les plus noirs de la nature humaine afin de questionner sauvagement la condition féminine ainsi que la manipulation des masses par la religion.


On pourra reprocher beaucoup de choses à Martin Koolhoven, à commencer par la cruauté de son regard qui s'attarde sur l'insoutenable ou bien les excès d'une plume qui courtise sans limite le sordide, quitte à peut-être en faire trop, dans le dernier acte notamment. Mais on ne saurait remettre en doute ni sa force de proposition, ni son intégrité. On peut lire çà et là beaucoup d'avis très tranchés – tous très compréhensibles – évoquant une certaine complaisance à produire du gore malsain dans le but de s'assurer les faveurs d'une audience avide du grand frisson. Quelle idée... il y a fort à parier qu'il aurait pu s'assurer les louanges d'un plus large public en érodant quelque peu sa charge critique.


Mais le bougre maintient son cap et s'enlise dans une violence si rude qu'elle finit par le dépasser. Le personnage du révérant est certainement l'une des crapules les plus détestables qui ait habité les écrans depuis un bon moment. Qui, au moment de la projection, aurait refusé de lui plomber la tronche à bout portant s'il en avait l'occasion ? Preuve finalement que l'excès de zèle dont fait preuve Martin Koolhoven n'est pas si gratuit. Après, ce sera à l'appréciation de chacun, en fonction de son propre seuil de tolérance, pour détourner ou non le regard quand la caméra choisit de s'attarder.


Je comprends parfaitement qu'on puisse rejeter en bloc ce genre de proposition de cinéma qui peut très vite sembler excessive. Brimstone tutoie les limites de l'abject : les derniers gestes du révérant donnent l'impression de combler, par leur atrocité, le manque d'idée qui frappe l'acte final. Alors que ce dernier est censé marquer la délivrance d'un spectateur en plein malaise, il continue de nourrir sa frustration au lieu de le gratifier du moment d'exaltation qu'il attend depuis plus de 2 heures.,, En effet, malgré sa structure éclatée, Brimstone est un revenge movie goguenard : un exercice de style impliquant une montée en tension par la souffrance qui se doit d'être suivie par un dernier geste salvateur... Mais Martin Koolhoven saborde cette dernière étape. Alors qu'on pense que l'ardoise va enfin être soldée, il continue de faire croître le malaise, avant de conclure par un petit twist malin – bien que discutable, il est efficace – qui remet totalement en question l'acte libératoire final.


Alors forcément, en jouant avec les émotions de son public, le bonhomme s'expose à ce que ce dernier rejette en bloc sa proposition. Acte courageux, suicidaire, hypocrite ou intéressé ? Je vous laisse seul juge.
De mon côté, j'ai beaucoup de respect pour cette bobine imparfaite qui, certes, s'essouffle au moment de transformer l'essai, mais jouit à la fois d'une mise en scène soignée, d'une photographie à tomber – gros boulot de Rogier Stoffers, tout le passage en « calèche » dans la neige et la pénombre est superbe –, d'un tempérament insoumis rare, mais aussi de deux prestations bluffantes : Guy Pearce est littéralement glaçant à l'écran et Dakota Fanning d'une justesse troublante. Des qualités suffisamment absentes des salles obscures pour qu'elles m'inspirent un profond respect quand elles sont de la partie.


Et puis j'ai enfin appris à occire moi-même des cochons bien gras pour y découper mes jambons alors soyons bon joueur ! :]


xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx


Quelques captures ici si certains sont preneurs ^^

oso
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le 26 nov. 2017

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oso

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