Brisby et le Secret de NIMH
7.5
Brisby et le Secret de NIMH

Long-métrage d'animation de Don Bluth (1982)

Voilà un moment que je me devais de découvrir Don Bluth. Le son de ce nom devenu mélodieux avec le temps fredonnait à mon oreille sa cantate attirante chaque fois que je déclarais ma passion prononcée pour les premières oeuvres des studios Disney, murmure envoûtant d'une vallée perdue encore inexplorée qui sous son voile d'une modeste renommée semblait ronronner d'un talent prodigue en merveilles.

Il y a quelques jours maintenant, je découvrais Fievel et le Nouveau Monde, et ce film m'a bluffé. Je suis resté assez abasourdi devant cette capacité qu'a le père Bluth à construire son histoire comme un somptueux livre de contes, chaque plan dévoilant une nouvelle peinture d'exception. Les souvenirs d'Anastasia étaient encore frais dans ma mémoire, mais je ne me souvenais pas d'une telle poésie de l'image. Il me fallait voir son premier long métrage, et c'est donc celui-là même que je viens de terminer à l'instant.
Brisby vient littéralement de me scotcher. Don Bluth vient de me coller un succulent coup de poing dans l'bide et j'en suis encore un brin époustouflé. Le Secret de NIMH est une oeuvre incroyable, sublime, magnifique, [insérez ici tous les superlatifs que vous voudrez, ce ne sera pas de trop]. Une fable forte et belle construite avec un talent effleurant de la plume un génie d'une sensibilité folle.
En ce monde de rongeurs déchaînés, de piafs décharnés, de félins balafrés, d'obscures terriers, d'abysses bleutées et de légendes sussurées, Don Bluth est maître de l'animation et Roi de l'illustration.
Chaque nouvelle scène est plus poignante que la précédente et moins touchante que la suivante, c'est une suite sans interruption de tableaux aussi charmants que ténébreux, aussi doucement rassurants que profondément effrayants qui se succèdent dans une symphonie picturale presque hypnotique. Et ces peintures aquarellées sont le théâtre accueillant pour une multitude de personnages animés de main de maître, dans une modestie aussi simple qu'elle est touchante de limpidité.

Les personnages. Putain les personnages. Après ce talent pour l'image, cette étincelle divine pour la composition colorée, véritable partition des teintes, il me faut parler du second point véritablement excellent de ce film. Les personnages, tous hauts en coul... ah nan ça c'est les décors.. merde.. les personnages donc, tous hauts en charisme, chacun présentant une profondeur rare, chose que l'on ne retrouve que très rarement, d'autant plus actuellement. Entre Jérémy le corbeau timbré à qui je dois quelques fous rires, Jenner le rat sournois à la gueule découpée à la serpe, Dragon l'énorme chat à la trogne tailladée ou encore Le Grand Hibou, tous, ou presque sont doté d'une présence propre et réellement attachante, prenant simplement et justement vie sous le crayon habile et gorgé de ressenti du père Bluth, faisant passer les humains non pas pour des "méchants", mais de simples ignorants extérieurs, certes nuisibles mais bien peu importants dans ce conte des hautes herbes et des terriers, dépassant de loin le simple manichéisme pour toucher directement le poétique. (nan j'abuse pas des mots, je fais c'que j'veux, et paf). Et c'est à grand peine qu'on quitte cette galerie de bestiaux plus que sympathiques, même quand ce sont de gros connards ou d'obscures et intrigantes personnalités.

Pour finir, dans les Grands dessins animés qui me marquent vraiment, il y a toujours une scène qui me laisse pantois et s'inscrit définitivement dans ma mémoire. Si l'affrontement entre Bambi et Ronno dans un jeu de clair obscure avait su me poignarder d'admiration ou bien la scène d'à peine 40 secondes de la chasse de Shere Khan dans les hautes herbes m'avait totalement aspiré d'un coup de crayon génial comme une lame de fond aussi violente qu’envoûtante, Brisby m'a plaqué de stupeur ébahie devant le trou humide et miteux du vieux et grand Hibou. Cette scène est incroyable, terrifiante, glaçante et tellement belle putain... L'apogée du talent du bonhomme pour l'art du décor et de la mise en scène, déploiement d'un virtuose théâtrale pour une rencontre d'une force inoubliable, jouant des ombres mouvantes et clapotis chuintants pour donner vie à ce titan ailé des ténèbres, ronflant de son souffle rocailleux sur la démunie et courageuse petite souris.

Et sinon, la musique de Jerry Goldsmith est superbe. Mais genre, vraiment superbe. Encore un qui manque sérieusement aujourd'hui..
Gros coup d'coeur putain, gros coup de coeur.

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le 14 mai 2013

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zombiraptor

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