Suite à la claque infligée par Fievel et Le Nouveau Monde, le cinéma de Don Bluth m'attire énormément, et je ne rate pas l'occasion de rattraper mon retard lorsque j'en ai l'occasion, surtout s'il s'agit de son premier film Brisby et le Secret de NIMH, qu'il mit au point quelques temps après avoir quitté Disney alors qu'il travaillait sur Rox et Rouky.
Ayant débuté en 1959 sur La Belle au Bois Dormant, Don Bluth adapte 23 ans plus tard le premier tome de la trilogie Rats de NIMH, évoquant le destin d'une mère souris qui doit déménager malgré son fils malade, et devant notamment demander de l'aide à des rats semblant cacher un lourd secret. Dès les premières secondes la puissance graphique du métrage de Don Bluth impressionne, c'est charmant, mignon et magnifié par une mise en scène tendre et immersive, qui le sera jusqu'aux ultimes instants de Brisby.
Don Bluth démontre un véritable savoir-faire derrière la caméra, sachant mener à bien son récit et proposer une cohérence émotionnelle et narrative. Il met en place une ambiance oscillant entre étrange, charmante et sombre mais toujours prenante et immersive, tandis qu'il démontre un vrai talent de conteur d'histoire, ici sublimant cette odyssée écologique. La force de l'oeuvre se trouve tant dans la forme que dans le fond, où l'histoire est rendue intéressante et surtout les personnages principaux terriblement attachants, Bluth sachant en faire ressortir tout l'intérêt et surtout l'émotion, à travers des portraits tendres, notamment pour cette émouvante mère qui ferait tout pour le bien de son fils malade.
En plus des protagonistes, toute la passionnante galerie de personnages participe à la réussite de l'oeuvre, rappelant parfois un univers plus héroic-fantasy (tout comme l'univers de manière générale) à l'image du chat et du hibou, tout en se montrant énormément attachant. Le scénario est intelligemment écrit et il ne minimise aucunement toute la part d'ombre qui plane dessus, et il le retranscrit très bien à travers l'atmosphère du film.
Don Bluth n'hésite pas, derrière ces personnages et rebondissements, à intelligemment aborder quelques thématiques plus graves, sans alourdir le sujet à l'image du veuvage, de l'expérimentation sur les animaux ou le meurtre. La bande-originale est réussie, collant parfaitement aux images tandis que Brisby est capable de nous faire passer du rire aux larmes avec finesse et d'un claquement de doigt, ne rendant que plus fort le tourbillon d'émotion dans lequel on est emporté du début à la fin.
Don Bluth propose avec Brisby et le Secret de NIMH une remarquable première oeuvre, sachant nous emporter dans un tourbillon d'émotion et au cœur d'un univers fascinant, parfois sombre et étrange mais rempli de créatures intéressantes et souvent attachantes.