(Critique garantie sans spoilers)
Pour son premier film, Rufus Norris prouve qu'il sait très bien s'entourer : avec une équipe et un casting parfaits, Broken s'inscrit dans la tradition des drames britanniques et se place sur un pied d'égalité avec ses prédécesseurs (Boy A, This is England et bien d'autres) dont la réputation n'est plus à refaire.
La jeune Eloise Laurence apparaît ici pour la première fois à l'écran et fait montre d'une justesse impressionnante dans son interprétation d'Emily, appelée "Skunk", pré-adolescente diabétique de onze ans qui vit dans une banlieue typique du paysage anglais avec son père Archie (incarné par un Tim Roth remarquable), son grand frère Jed (Bill Milner) et Katya (Zana Marjanovic), une fille au pair. Dans le quartier résident aussi l'étrange et fragile Rick (Robert Emms) -un des seuls amis de Skunk- et Mr. Oswald(Rory Kinnear), père névrosé et surprotecteur élevant seul ses trois filles qui sont de véritables pestes. Et c'est l'histoire de ce quartier où tous les petits morceaux des ces vies entremêlées s'assemblent et se brisent en un instant. Sur un fond de musique pop, Broken oscille entre les restes d'une innocence qui s'évanouit peu à peu et la réalité souvent cruelle.
Avec une caméra discrète et jamais trop intrusive, Rufus Norris prend son temps pour raconter cette histoire à travers des personnages simples et honnêtes, et dresse avec justesse un portrait sobre de ces faubourgs où éclosent tous ces fragments épars de vies brisées, sans jamais sombrer dans le pathos ou l'exagération.
Si Broken n'est probablement pas le film qui ravira les mordus des films d'action ne jurant que par des retournements de situation multiples, des plans machiavéliques et une myriade d'effets spéciaux, c'est sans aucun doute une perle à ne pas rater pour ceux qui apprécient les oeuvres sincères et sans démesure. Avec une réalisation irréprochable et une image soignée, Rufus Norris signe ici un superbe chef d'oeuvre pour entamer une carrière définitivement très prometteuse.
(Petite précision, c'est la traduction d'une critique -film au choix- qu'on avait à faire en compo anglaise donc il fallait respecter certains critères -pas de spoilers, truc qui ressemble grosso-modo à une critique qu'on pourrait trouver dans un journal ou un magazine... etc-, d'où le léger contraste avec mes critiques habituelles. C'était un exercice fort difficile pour moi -on notera que j'ai passé 2h pour trouver la bonne formulation d'une des phrases, oui je me complique la vie parfois-, notamment parce que j'ai choisi mon film préféré et qu'il m'est difficile de trouver les mots justes pour faire des critiques positives, j'ai plus de facilités pour descendre des navets.
EDIT : après relecture, ça sonne définitivement mieux en anglais. Fuck, j'arrive même pas à me traduire correctement moi-même. Je mettrai la version anglaise sous peu.)