Pâte à galettes et Billy le caïd

Le film se veut porteur de messages humanistes et Clint Eastwood a avoué avoir mis beaucoup de lui-même dans ce film. « Si, en tant qu'auteur de films j'ai jamais voulu dire quelque chose, c'est dans Bronco Billy que ça se trouve. » C'est donc un film important pour lui, dans lequel Clint a pris le risque de casser son image pour nous dire que les héros n'existent pas, ou s'ils existent c'est dans la tête des enfants, des rêveurs ou des fous.

Bronco Billy et les personnages joués jadis par Clint Eastwood s'imbriquent assez étroitement, bien que ce « meilleur tireur de l'Ouest » auto-proclamé soit le meilleur loser à l'ouest du Pecos. Clint s'est créé de toutes pièces un personnage mythique du Far West. Ce personnage est une version pour le cirque du personnage monolithique de la série télé Rawhide ou de la Trilogie du dollar de Sergio Leone, en mode auto-dérision. Billy est une attraction de fête foraine, à côté des barbes à papa et des friandises, quand il n'est pas une attraction pour les maisons de retraite ou l'hôpital psy. Il a aussi la casquette du directeur fauché du cirque, allusion au rôle de producteur de Clint via sa société Malpaso. (Mais ce coup-ci il n'a pas produit son film, pour ne pas donner la moitié des gains à son ex-femme.)

Il faut l'avouer Bronco Billy souffre de points faibles: le film est un peu trop long avec des épisodes superflus comme l'attaque d'un train par les copains de Billy, des ruptures de ton qui cassent le rythme comme les scènes à New York censées se moquer des riches, façon soap opera, et puis il faut aussi supporter toutes les scènes avec sa pâle partenaire du moment Sondra Locke, fort justement nominée dans la catégorie de la pire actrice lors de la toute première cérémonie des Razzie Awards. Le propos du film est parfois assez confus. Par moments il semble vouloir illustrer le rêve américain que « l' indienne » énonce ainsi: « Bronco Billy et son cirque signifient que nous pouvons être qui nous voulons être. Il suffit de le vouloir assez pour le devenir» ou en montrant la parade finale devant les drapeaux US. Mais le plus clair du temps Clint nous filme une bande de losers qui rejouent la légende de l'ouest devant une poignée de gamins, sur fond de bannières étoilées qui ne sont que la toile rapiécée d'un chapiteau de cirque qui vient de brûler. Le rêve américain d'accord, mais Clint Eastwood n'en est pas dupe.