Dans ce premier long-métrage que nous sert Akaki Popkhadze, il est question d'un esthétisme des plans qui fait briller le plus profond de la rétine. Les premières images sont hallucinantes, et de ce fait complètement immersives. Ici, la question de vengeance, sur un soupçon de masculinité, de virilité, et de haine, est posée. Ici, on se demande si la vengeance a un sens. Et on fait bien de se la poser cette question ! Le réalisateur est clair ; la vengeance mène à la mort et la mort mène à la vengeance. Cycle injuste et fatal, mais pourtant si réel.
Dans un Nice qui a tout d'une carte postale, on nous confronte à une autre réalité où violence et haine règnent. C'est un film qui nous tient en haleine, du début jusqu'à… la presque fin (ettt oui, une fin trop longue selon moi). Les personnages sont intéressants, et la relation fraternelle qu'occupe les deux acteurs principaux est saisissante. Le rôle de la mère n'y est pas moins important. C'est d'ailleurs la seule de la famille qui survivra. Oui, car elle ne s'est jamais tourné vers la violence, la vengeance. (bon malheureusement, en vie mais bien seule)
Dans ce petit appartement niçois, la cuisine joue un rôle central ; une petite table qui longe le mur, avec trois chaises. Dans l'autre pièce, il y a aussi un piano qui répand dans le foyer des notes de chaleur et de bonheur. C'est la famille. Oui, ce film est avant tout un drame familial d'une puissance rarement égalée. Dans un autre axe, on retrouve également cette question de la religion, qui est notamment représentée dans les divisions des actes. Aspect qu'on retrouve à la toute fin du film, sans vraiment trop comprendre pourquoi ??
Ce thriller ramène du nouveau, et nous propose une forme de délicate violence, qu'on apprécie regarder. Peut-être bien que la violence prend une place prépondérante et qu'on s'y perd parfois. Peut-être, oui… Bref, ce film, c'est aussi et avant tout une ébauche stylisée de souvenirs d'enfance du réalisateur ("Quand j’avais 13 ans, ma famille a dû fuir la Géorgie pour venir en France. Au-delà de la misère et des humiliations de cette situation d’immigrés, ce fut un choc culturel et affectif. J’ai grandi dans un milieu principalement masculin, la seule figure féminine à laquelle je pouvais me raccrocher était ma mère. C’est pourquoi, dans le film, le personnage féminin le plus important est une mère. Les hommes forts redeviennent des petits garçons devant leurs mamans. Dans Brûle le sang, je veux raconter l’échec de la violence et de la vengeance. Je crois profondément que l’obstination dans la virilité et l’honneur mène à la destruction. Dans le film, la vengeance tant souhaitée n’a pas lieu. La masculinité toxique mène à la mort. Les hommes forts finissent dans des bennes à ordures").