Il est tentant de relier Brûle, sorcière, brûle ! ("Night of the Eagle" dans sa version originale, l'aigle constituant une figure de première importance dans la dernière partie) à d'autres émanations du cinéma fantastique / horrifique britannique de la même période : Les Innocents de Jack Clayton (1961) n'est pas très éloigné en terme d'ambiance étouffante (dans lequel on retrouve d'ailleurs la présence de Peter Wyngarde), et Night of the Demon (Rendez-vous avec la peur) de Jacques Tourneur (1957) présente de nombreuses similarités thématiques (autour du culte) et scénaristiques (dans la progression de l'enquête). Ici c'est au sein du couple que naît la menace du paranormal, et pas n'importe lequel : le mari est un professeur ultra cartésien, présenté en introduction lors d'un cours prônant la maxime sceptique "I do NOT believe", et la femme n'a pas vraiment droit à une contextualisation professionnelle.


Tandis que le prof semble aux premiers jours d'une carrière brillante, des perspectives professionnelles au beau fixe, un environnement de travail stable et bienveillant, l'antagonisme apparaît dans leur foyer, dévoilant petit à petit les signes d'une croyance qu'il n'aurait jamais imaginé. Dans la confrontation entre la rationalité de monsieur et la superstition de madame, Night of the Eagle souffre d'une grosse rigidité et d'une artificialité pesante : le schéma d'opposition est quand même un peu bourrin. Mais cela n'empêche pas Sidney Hayers de faire enfler le doute de manière efficace et prenante, dans les moments qui suivent la découverte d'une profusion hallucinante de porte-bonheurs et autres grigris dans la maison, restes d'une initiation à la culture obeah lors du dernier voyage de la femme en Jamaïque. De manière autoritaire, le mari brûle tout le bordel, et les ennuis ne tarderont pas à se présenter.


Le film avait pris le soin de développer en introduction un contexte rudimentaire pour alimenter la thèse rationaliste, avec notamment de possibles jalousies au sein du corps professoral vis-à-vis d'une prochaine promotion. Le jeu se structurera autour des deux pistes, puisqu'un torrent de forces maléfiques semble s'abattre sur le couple au lendemain de la destruction des objets censés lutter contre les activités paranormales. Et l'efficacité de la dramaturgie reposera sur l'enchaînement des embrouilles, selon un crescendo en intensité et en fréquence initié sur le plan mystique ou psychologique.


https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Brule-sorciere-brule-de-Sidney-Hayers-1962

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le 8 août 2024

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Morrinson

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