Bubba Ho-Tep, réalisé par Don Coscarelli, est un film improbable qui marie l’horreur et la comédie de manière excentrique et décalée. Adapté d’une nouvelle de Joe R. Lansdale, ce film propose un mélange unique de mystère surnaturel et de réflexion sur la vieillesse, l’identité et la mémoire. À première vue, l’histoire pourrait sembler un pastiche ridicule : Elvis Presley et John F. Kennedy, pensionnaires d’un asile psychiatrique, affrontent une momie maléfique qui menace de détruire une petite ville. Mais sous cette surface absurde se cache une exploration subtile des thèmes de l’isolement, de la fin de vie et de l’héroïsme inattendu.
Une intrigue décalée mais poignante
L’intrigue de Bubba Ho-Tep est à la fois bizarre et brillante. La ville de Mud Creek est sous la menace d’un mal ancien : une momie, surnommée Bubba Ho-Tep, qui s’attaque aux habitants pour absorber leur énergie vitale. Le seul espoir de l’arrêter réside dans deux pensionnaires de l’asile local : un Elvis Presley (interprété par Bruce Campbell), désormais âgé et en proie à des doutes existentiels, et un homme qui se prend pour Jack Kennedy (Ossie Davis), défiguré et exilé dans sa propre folie. Ensemble, ces deux figures historiques légendaires, au bord de la fin de leurs vies, décident de s’unir pour combattre cette menace surnaturelle.
Le film se joue avec les conventions du genre horreur en les inversant : au lieu de jeunes héros courageux, nous avons des personnages âgés, fragiles, mais toujours prêts à défendre ce qui reste de leur dignité. Ce contraste, entre l’absurdité du scénario et la gravité de certains thèmes, crée un décalage souvent hilarant mais aussi profondément émouvant.
Des performances surprenantes et émouvantes
Bruce Campbell, souvent associé à ses rôles dans des films d’horreur plus classiques comme la saga Evil Dead, livre ici une performance étonnamment touchante en Elvis Presley. Loin du jeune rockeur charismatique, il incarne un Elvis vieillissant, nostalgique et désillusionné, dont la rédemption viendra non pas par la musique, mais par l’action héroïque. Son interprétation est à la fois drôle et poignante, capturant l’essence d’un homme qui a perdu son éclat mais qui reste un héros dans son âme.
Ossie Davis, dans le rôle de l'homme qui se prend pour JFK, est tout aussi remarquable. Son personnage est aussi un symbole de la perte et de la déchéance, une figure nationale devenue un vieil homme, un peu fou et solitaire. Leur duo improbable avec Campbell fonctionne parfaitement, apportant à l’histoire une profondeur inattendue dans ses moments les plus absurdes. Ensemble, ils forment un tandem comique mais profondément humain, et leur dynamique, mélange d’humour et de tendresse, est ce qui donne au film sa dimension unique.
Un film à l’humour décalé et à l’ambiance singulière
Visuellement, Bubba Ho-Tep ne joue pas sur les grands effets spéciaux, mais sur une atmosphère de délabrement et de décadence, qui se marie parfaitement avec le ton général du film. L’asile où se déroule l’essentiel de l’action est une métaphore de la fin de la vie, un lieu où le passé et le présent se confondent, et où les héros déchus trouvent un sens à leur existence à travers un combat final. Le film joue sur des couleurs terreuses et une ambiance tamisée, qui accentuent cette atmosphère mélancolique et presque nostalgique.
Le film utilise également une bande-son qui complète bien son ambiance unique, mélangeant des morceaux rétro qui rappellent l’époque de Presley avec une musique plus inquiétante pour les scènes d’horreur. Ce mélange d’éléments visuels et sonores crée un effet de décalage qui nourrit l’aspect à la fois comique et grotesque du film.