La carrière de Steven Soderbergh est étonnante, on pourrait y passer des heures. Bubble fait partie de la frange expérimentale de cette carrière, située à cheval avec la période des blockbusters comme Ocean’s Twelve…
Probablement son premier film de ce genre (même si L’Anglais y ressemble un peu sur certaines scènes), Bubble frappe d’abord par son esthétique. Il arrive que Steven Soderbergh, aussi directeur de la photographie comme d’habitude, pose sa caméra dans un coin de la pièce et laisse les choses se dérouler. Le film est d’ailleurs entièrement improvisé à partir d’un fond écrit par Coleman Hough, la scénariste de l’exceptionnel Full Frontal et cela se sent, sans que cela soit gênant. Le plus important ici, ce n’est pas l’intrigue, traitée de manière très lâche, mais les personnages, la triplette Martha – Kyle – Rose, qui subrepticement prennent beaucoup d’importance que cette histoire de jalousie qu’on nous raconte. Ce qui est d’ailleurs assez intéressant dans cette optique, c’est qu’ils sont ”joués” par des acteurs non-professionnels, dont beaucoup gardent leurs vrais noms. Cela donne au film une atmosphère réellement pesante et cohérente avec le style de cinématographie choisi par Steven Soderbergh. Le tout est enveloppé par la musique de Robert Pollard, parfaitement adéquate, comme sa chanson à la fin de Full Frontal.
Bubble est donc une expérimentation, aussi bien visuelle que commerciale, le film étant sorti en même temps en VOD et en salles. Et c’est une expérimentation réussi. Le producteur exécutif Marc Cuban ne se trompe que très rarement et il le prouve encore une fois.