Cinéaste atypique, Robert Altman s'est attaqué à diverses genres dans sa carrière, mais on peut retrouver régulièrement dans certains de ces films un regard critique sur son pays, que ce soit l'armée dans MASH ou Streamers ou le milieu hollywoodien dans The Player.
Avec Buffalo Bill, il démystifie à la fois un personnage fort de l’Amérique mais il jette aussi un regard froid et cynique sur les bases de son pays.
Et en effet, Altman nous présente un Buffalo Bill alcoolique, mauvais tireur, piètre cavalier, prétentieux et qui s'est forgé lui-même sa légende. Le cinéaste américain se concentre vraiment sur le personnage de Buffalo Bill qui prépare son "Wild West Show" avec lequel il va sillonner le monde, il trouve même le moyen de convier le chef sioux Sitting Bull à participer à son spectacle.
Tout en nous faisant suivre la déchéance de Buffalo Bill, il s'attaque aussi aux fondations de son pays et aux légendes toutes faites auxquels on peut croire naïvement, ici par l'intermédiaire du monde du spectacle. Il s'attaque aussi au patriotisme aveugle et le traitement des indiens tandis qu'il nous intéresse à ce personnage outrancier mais pathétique dans sa chute, qui bénéficie d'une excellente composition de Paul Newman.
Altman ne manque pas non plus d'humour et dose plutôt bien les différents genres qu'il aborde. De plus, l'oeuvre bénéficie d'une belle qualité visuelle où le cinéaste sublime les paysages de l'Ouest américain.
Néanmoins, il est regrettable que le film contienne quelques longueurs et qu'il y ait cette impression que le scénario n'explore pas tout ce qu'il aborde et se contente parfois d'effleurer le sujet (peut être dû aux coupes que le film a subit). Ce n'est pas vraiment préjudiciable, cela reste plus qu'intéressante avec un savoir-faire indéniable derrière la caméra, mais Altman passe à côté d'une grande oeuvre, qui gagnera tout de même l'ours d'or à la Berlinale.
Dans l'ensemble, Buffalo Bill reste une oeuvre intéressante et prenante, bien qu'elle ne soit pas exempt de tout reproche. Robert Altman s'amuse à démystifier une légende américain et d'égratigner son pays au passage, une leçon d'histoire mensongère, emmené par un grand Paul Newman.