On te bassine avec la nouvelle vague. Et on le fera toujours. Mais s'il existe bien un cinéaste sous-estimé, c'est Bertrand Blier. Ses défauts sont connus : 1. Il est populaire. Pour lui, l'instant prédomine la réflexion. Il fait confiance à ses comédiens. C'est un metteur en scène qui s'adapte au lieu d'imposer. Et pour l'intelligentsia cinéphile, c'est un grand péché. 2. Il ne sait pas finir ses films. Il est du genre à s'emporter, voyez-vous. Donc il suit sa barque, sans vraiment savoir où ça le mène. Donc, pour lui, la fin est secondaire, anecdotique. Et ça, il faut le dire c'est assez frustrant.
Mais Bertrand Blier est unique. Parce qu'il fait quelque chose du cinéma que personne d'autre n'a jamais vraiment réussi à faire. La plupart des films, qu'ils soient populaires ou non, ont la particularité principale de raconter ce qui se passe. Pour Blier, c'est tout le contraire. On ne sait jamais vraiment ce qui se passe. Si ce qui arrive arrive ou si c'est fantasmé. C'est laissé dans les limbes. Parce que ce qui se passe n'est pas important pour Blier, qu'on sache si c'est vraiment arrivé ou pas n'a pas d'importance. Son sujet c'est l'humain, ses réactions prévisibles qui le mène à la folie, l'improbable, le surprenant. Chez Blier, chaque nouvelle scène est inattendue et à chaque séquence on se demande si ce qui vient d'arriver est arrivé ou métaphorique. C'est sa force ou sa faiblesse, mais en tout cas, c'est unique. Merci Bertrand d'avoir donner une gamme au cinéma.