Ce qu’il y a de bon quand tu reçois un choc cinématographique violent, c’est de re-visionner le film en cherchant le truc et ne pas le trouver. Moralité, c’est pas à un vieux de la vieille comme Friedkin qu’on va apprendre à jouer la musique. Par contre ceux qui s'attendent à un plan basique, les bons, les méchants, et les bons qui gagnent à la fin, peuvent se diriger vers le dernier Stallone; les autres peuvent rester ici. Un drame classique se transforme sous nos yeux en film d'épouvante, en un délire paranoïaque absolu, sans bons ou méchants pour sauver et la face, et les apparences, du jamais vu. Bug. Deux protagonistes s'enferment dans un labyrinthe mental qui tient de la théorie du complot, et d'une grande dose de paranoïa, et de folie pure, magnifiée par l'écriture inspirée et clinique de Tracy Letts, le scénario de Tracy Letts, d'après une pièce de Tracy Letts. Ce serait juste un morceau de bravoure anecdotique s’il n’y avait pas la mise en scène sans faille du maître derriêre, et une Ashley Judd en état de grâce, qui nous livre là sa meilleure prestation d’actrice.
C’est vrai que les mecs ne sont pas à la fête, Michael Shannon, comme Harry Connick jr; il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. C’est vrai aussi que le personnage de Judd est en pleine dérive existentielle. Bug. Ce film c'est aussi un portrait de femme. Délaissée, en manque d'amour, fragilisée par la vie, victime, puis complice de sa propre chute. Il y en a deux qui n’auraient jamais du se rencontrer dans ce film. Et franchement, Michael Shannon joue les malades avec une telle force de conviction, que ça fait réellement peur(!) Comment les acteurs font-ils pour s'en sortir, après avoir incarnés des personnages aussi chargés? Telle est la question. Bug. D'oú sorted ces cafards? Bugs. Bugs. Bugs.
Ils s’enfermeront de plus en plus dans leur monde. Se calfeutrent, coupent le téléphone, la radio, et ne sont pas loin de ressembler aux protagonistes de: « Oiseaux » d’Hitchcock. Et là, l’ennemi ce ne sont pas des oiseaux agressifs, mais des parasites invisibles, qui ressemblent à des cafards, dans leurs têtes, ou peut-être dans la pièce, (après tout on les voit nous aussi). Bug. La guerre en Irak, qui est dans les têtes; et le gouvernement américain, qui nous manipule, ( tout le monde le sait). Deux, trois acteurs, une mise en scène, une descente de l'(E)nfer de la paranoïa...Bienvenu en enfer, c'es pas moi, c'est l'autre le fou. Bug. Arriver à nous tenir en haleine, avec en apparence si peu de choses à l’écran, ça mérite le respect. Á chaque plan une idée, savamment distillé, et de façon très minimaliste.
Rarement vu une telle maîtrise, une audace, et un sujet aussi complexe chez un cinéaste récemment. Schizophrénie, folie à deux, je ne sais plus...couple infernal.
Et à un moment on sait plus qui est dingue, ou qui ne l’est pas, si c’est l’un qui a entraîné l’autre, ou si il a seulement servi de déclencheur, ou si ce ne sont pas nous les dingues. Bug. La chute est de toute façon inexorable, et sans retour possible. Et la lumière deviendra purement mentale. Artificielle.
Pour un final bleu comme une bonbonne de gaz, une flamme absurde et catastrophique. Et c'est la libération. Avec cettefin à forte dimension cathartique.
Où est le vrai, où est le faux ? Ne sommes nous pas tous des cobayes aux mains du (des) gouvernement ? C'est "cafards" existaient-ils vraiment? Et si on se pose ce genre de questions, c’est que nous sommes dans la toile d’araignée qu’a tissé Friedkin, piégé comme des cafards.
La vérité est évidente, sous nos yeux! Mais on participe au bad trip ciné, et au jeu de qualité supérieure. Bug. Pervers (?) Mais non: Cultissime, je dis bien, cultissime !