Fear and loathing in Las Vegas.
Le réalisateur de "Rain man", Barry Levinson, s'attarde ici sur une page importante de l'Amérique contemporaine, sur le rêve d'un homme qui, de simple lubie, va se transformer au fil des ans en quelque chose de mythique, de titanesque, cité décadente ou tous les coups sont permis. "Bugsy" met en images rien de moins que la création du Las Vegas tel que nous le connaissons, à travers le portrait d'un illuminé du nom de Benjamin Siegel, alias Bugsy.
Bénéficiant d'une reconstitution de toute beauté, "Bugsy" nous décrit dans un premier temps la vie de son anti-héros, personnalité peu recommandable aussi charismatique et charmeuse que violente et lunatique, capable de passer du sourire enjôleur à un éclatement de pif en deux temps, trois mouvements, campé avec classe par la star Warren Beatty.
On suit avec un intérêt tout relatif cette description du milieu un peu plate face à la puissance des "Affranchis" sorti un peu avant, Barry Levinson peinant à insuffler un véritable rythme à son film. Heureusement que les échanges entre Beatty et une Annette Benning choucarde à souhait viennent pimenter un ensemble sympathique mais un brin soporifique, avant d'entrer tardivement dans le vif du sujet.
La seconde partie s'intéresse donc à la création de l'hôtel Flamingo, aux enjeux d'un tel projet et surtout, aux répercussions que cela aura sur la vie des protagonistes. Dommage que la mise en scène de Levinson ne réussisse jamais à insuffler un souffle à tout cela, le sujet étant franchement passionnant mais s'avérant au final sacrément prévisible et un brin scolaire. Visuellement flatteur mais froid et trop académique, "Bugsy" reste une tentative intéressante mais inaboutie de grand spectacle hollywoodien.