1936.Benjamin Siegelbaum,dit Bugsy Siegel,est un des parrains de la mafia juive new-yorkaise.Le mec est à moitié dingue et ses associés l'envoient à Los Angeles,à la fois pour l'éloigner et pour qu'il reprenne en main les affaires du clan qui végètent en Californie.Vite fasciné par Hollywood et tombé amoureux d'une starlette nommée Virginia Hill,Siegel restera sur place en négligeant son épouse et ses deux filles restées à New York,avant d'avoir sa grande idée:créer un casino dans le désert du Nevada,inventant ainsi Las Vegas.Ce biopic a été réalisé par Barry Levinson,qui l'a coproduit via sa société Baltimore Pictures avec la TriStar et Warren Beatty,vedette du film.C'est James Toback,désireux au départ de le diriger,qui a écrit le scénario d'après un livre consacré au gangster,tandis qu'Ennio Morricone signe une partition vieillotte et peu inspirée,à l'image du film lui-même.Levinson n'était peut-être pas le cinéaste idéal pour shooter cette histoire vu que le biopic est déjà un genre assez compassé en général et qu'on retrouve ici les défauts souvent inhérents au réalisateur.De fait c'est académique,lent,long,mou,appliqué dans une reconstitution historique luxueuse mais figée.Par ailleurs les faits sont dans l'ensemble exacts mais également falsifiés à l'occasion dans le but évident de glamouriser un personnage fascinant ces veaux d'américains mais qui n'était en réalité qu'un gros sac à merde de gangster psychopathe et sadique.Certes on voit Siegel péter les plombs à de nombreuses reprises et se livrer à de graves violences,mais c'est contrebalancé par une complaisance envers ses bons côtés,son amour sincère pour Virginia,son dévouement à sa famille et surtout sa dimension visionnaire concernant la création de Vegas.Au besoin on invente des trucs pour le rendre sympathique,comme quand il envisage de tuer Mussolini pour venger les juifs européens.Sauf que dans la vraie vie il a bien rencontré le Duce mais s'est contenté d'essayer de lui vendre des armes.De plus Siegel était loin d'être aussi beau que cette gravure de mode de Beatty et l'acteur livre une prestation pitoyable à la limite du comique,tentant par le maquillage et les grimaces d'imiter son modèle,sans parvenir à convaincre lors de scènes de colère particulièrement ridicules.Le meilleur moment du film est au final celui qui voit cet enfoiré se faire éclater sa tronche de cake par un tir bien aligné.Ceci dit ça se laisse voir,il y a plein de jolis plans éclairés à la perfection,on ressuscite une époque,on voit passer plein de personnages réels,on découvre les rouages d'un syndicat du crime associant italiens et juifs,avec les importantes figures que sont Mickey Cohen,Meyer Lansky,Lucky Luciano,Frank Costello,Vito Genovese ou Louie Dragna.On n'a jamais su qui a éliminé Siegel mais le scénario adopte la version généralement admise prétendant que ses propres amis l'auraient flingué en raison des pertes engendrées par le coûteux casino Flamingo et aussi à cause d'une forte somme que Ben et Virginia auraient détournée.C'est Annette Bening qui interprète la pépée du gangster et ses scènes tumultueuses avec Beatty ont de l'ampleur.Leur idylle se prolongera hors écran puisqu'ils se marieront en 92.Il y a autour d'eux un joli casting comprenant Harvey Keitel,excellent en Cohen,Ben Kingsley qui incarne idéalement la froideur de Lansky,Elliott Gould touchant dans la peau du gangster simplet Harry Greenberg et le toujours parfait Joe Mantegna qui joue un George Raft à qui l'on prête des agissements peu crédibles.On sait que l'acteur fut proche de Siegel et de la mafia,mais sans doute pas à ce point-là.