Ce premier film est une bombe à retardement qui fera tic-tac dans vos cerveaux bien au-delà des 120 minutes de projection. On a tout d'abord ce polar au scénario sortant vraiment des sentiers battus, tendu comme un string, marié à un drame social. On a ensuite cette réalisation froide, d'une sobriété bluffante pour un premier film. Et enfin cet acteur monstrueux, Matthias Schoenaerts, à l'allure animale, qui incarne magistralement cet être marqué au fer rouge par les blessures du passé.
Les influences sont évidentes, et elles s'avèrent être celles de deux des réalisateurs les plus passionnants du cinéma contemporain. Ainsi le travail de Bruno Dumont hante les 60 premières minutes, par son naturalisme et la fulgurance de certains plans d'une beauté formelle incroyable. Puis par une séquence tendance "Pusher - Bronson", Roskam bascule chez Nicolas Winding Refn, pour ne vous lâcher qu'une heure plus tard, saisis devant cette descente aux enfers lente mais inexorable.
NB : Saluons, une fois n'est pas coutume, la pertinence des américains qui ont nommé cette pépite belge dans la course à l'Oscar du meilleur film étranger, pendant que la France mettait un an pour lui donner une chance en salles (avec d'ailleurs une distribution ridicule).