Un homme bête dans une Belgique qui va mal...
Roskam veut nous faire part de sa vision pessimiste de la Belgique à travers une dualité permanente dans les thèmes de son film : Bullhead.
Le réalisateur prétexte tout d'abord un polar sur fond de drame social dans les fins fonds de la Belgique. Ce prétexte amène alors le personnage sur lequel Michael R. Roskam va s'intéresser. Il s'agit de Jacky Vanmarsenille, interprété par le brillant Matthias Schoenaerts, un éleveur de vaches dans la propriété de ses parents. Jacky a subi un drame pendant son enfance qui le force aujourd'hui à s'injecter différentes substances chimiques à base de testostérone. Jacky se retrouve au beau milieu d'un trafic d'hormone de la mafia belge que Roskam s'efforce à filmer tels des rednecks.
C'est dans ce contexte extrêmement tendu que ce réalisateur va faire évoluer son personnage et critiquer en même temps une Belgique qui va mal. La dualité commence par l'opposition entre les deux régions grandes régions de Belgique : La Wallonie et la Flandres. La barrière linguistique entre les différents personnages et leurs milieux sociaux est la première critique que Roskam fait de la Belgique. Il déplore alors un pays non unifié qui pourrait réunir la population de la Belgique autour d'un but commun : celui de s'accomplir en tant qu'Homme (avec un grand H évidemment...). Ce thème est le deuxième que traite Michael R. Roskam et celui qui est le plus évident à l'écran. En effet, Jacky Vanmarsenille qui, suite au drame de son enfance ne pourra plus jamais prétendre avoir tous les atouts pour être un homme, emploi tous les moyens pour montrer un semblant de virilité. Une virilité en fait disparue, secret qu'il tente de cacher coûte que coûte en se réfugiant derrière la violence et la testostérone en seringue. Car derrière cet homme bête, cette masse, se cache un homme au coeur très sensible qui n'a jamais su comment s'y prendre avec les femmes. Son complexe d'infériorité intérieur prend le dessus sur son apparence extérieur. Son manque de sociabilité le perturbe grandement. Roskam tente de montrer par l'intermédiaire de cet homme aux deux personnalités et par des secrets inavouables qui se retrouvent exposés au grand jour, une Belgique qui tente de faire bonne figure auprès de ses confrères (ses voisins européens), mais qui va mal dans sa peau tant sur le plan social que politique.