Rick me disait aujourd’hui : « Il faut que tu revoies des films simples et normaux. Tu sais, un truc simple, avec des humains, des émotions, des gentils personnages. » ? Je le remercie de se soucier de ma santé mentale mais non, pas aujourd’hui, j’ai aqua-poney, et surtout j’ai rendez-vous avec un film finlandais mettant en scène un lapin garou, son zguègue de 40 centimètres, et sa douce et merveilleuse façon de crier « Pussy ! » à chacune de ses apparitions à l’écran. Non non, je vous rassure, je vais très bien, mais en tant qu’amateur de gros WTF, il m’était impossible de passer à côté de cette bobine au scénario improbable adaptée d’un court métrage de 2011 du même réalisateur. Amis de la poésie, du bon goût et du raffiné, passez votre chemin, vous pourriez être désintégrés sur place en regardant Bunny The Killer Thing. Camarades du complètement nawak, et décérébré à tendance parties génitales à l’air, viendez, y’a de quoi se marrer ! Attention, ce texte est susceptible de contenir des mots tels que verge, testicule, vagin, ainsi que toutes sortes de synonymes plus ou moins fleuris.
Passer d’un court-métrage à un long-métrage est un exercice périlleux, car d’une même idée de départ prévue pour seulement quelques minutes, il faut arriver à tenir ici 1h30. J’ai donc commencé par regarder le court métrage. Oui, je fais les choses consciencieusement (merci le correcteur orthographique de Word qui m’aura aidé à orthographier ce mot correctement après 3 tentatives ratées). Et c’était un festival de grand n’importe quoi, à tel point qu’on se demande ce qu’ont pu consommer les créateurs de ce petit monument de nawak pour en arriver à avoir une idée pareille. Le film reprend donc les mêmes ingrédients et pose les bases d’entrée de jeu : un headshot bien gore, un gros plan sur le cul d’une demoiselle gâtée par la nature, un mec qui se fait injecter un truc chelou par des gars dont on ignore tout, qui s’échappe en slip dans la neige et qui se transforme en une sorte de lapin garou au sexe démesuré. Un petit coup d’œil sur la montre, ca fait à peine cinq minutes que ça a commencé. Oh oui, je sens qu’on va bien rigoler. On passe le cerveau en mode Off, et on contemple ce qui s’offre à nous.
Force est de constater que, si le WTF n’est pas complètement non-stop comme on l’aurait souhaité, le spectacle proposé est bien gratiné avec bien entendu au centre de tout ceci, le fameux lapin mi-homme mi-obsédé du cul (comment ça c’est la même chose !?!). Son apparence ? Un humain avec un déguisement de lapin dégueulasse. Son arme ? Sa bite de 40cm. Ses victimes ? Tout un tas de jeunes un peu trop imbibés d’alcool. Ses techniques ? Oula, elles sont diverses et variées, mais en gros il émascule les hommes et cherche à pénétrer trèèèès profondément tout ce qui ressemble de près ou de loin à une chatte. Hey oh, j’ai le droit, j’ai prévenu plus haut et en plus il passe son temps à le dire dans le film ! Il fracasse donc des têtes à coup de chibre. Il devient rapidement un adepte de la technique dite de « l’hélicoptère ». Il arrache des quiques à coups de dents puis se délecte à recracher le bout ainsi coupé. Il crie « Chatte fraîche » ou encore « Qui c’est qui a la plus grosse ? » car, oui, petit lapinou est, à l’instar de Brassens, un poète qui dit « couille ». On a même droit à une auto-bifle sur fond de musique épique. Minute culturelle : Une bifle est une pratique sexuelle consistant donner une gifle avec sa bite. Fin de la minute culturelle.
Tout ceci ne serait-il pas un peu beaucoup axé autour de l’entrejambe ? Oui ! Mais ce n’est pas tout ! Car même nos jeunes victimes sont également très penchées sur la chose. Entre l’ado qui passe son temps à s’astiquer le manche sur la photo d’une de ses amies, la jeune décérébrée qui rêve d’avoir des gros nibards, le puceau qui ne pense qu’à en finir avec sa virginité, le mec en couple qui tombe instantanément amoureux de la poitrine XL d’une fille à peine rencontrée et qui a envie de l’enfourcher alors qu’il est en train de se faire courser par notre lapin Siffredi, ou encore le but de l’expérimentation principale qui a créé notre lagomorphe à longues oreilles (et longue bite donc), oui, tout ceci tourne BEAUCOUP autour de la zone entrejambiale (oui, j’invente des mots, je suis comme ça moi).
En termes de mise en scène, on aurait pu croire que pour privilégier le délire, le réalisateur aurait pu laisser de côté l’aspect technique. Que nenni ! La mise en scène est sincèrement très correcte, et Bunny The Killer Thing bénéficie d’une très jolie photographie. Le film, se déroulante en bonne partie de nuit, reste toujours lisible, ce qui nous permet d’apprécier à leur juste valeur les nombreuses giclées de gore dont le film fait preuve. Headshot, décapitation, énucléation, émasculation, divers membres coupés, l’hémoglobine coule pas mal dans un pur style cartoonesque, voire grotesque, avec tout ce que cela comporte de giclées de sang bien exagérées. Vous saviez que les Norvégiens ont 268 litres de sang dans le corps ?
Mais tout n’est pas rose au pays des zguègues géants et autre lapin garou obsédé, à commencer par le casting. Le jeu d’acteur n’est pas ce qu’on pourrait qualifier de bon, et même si on sent que tous s’éclatent comme des petits fous à se faire fracasser la tête par un dildo géant, on frise parfois l’amateurisme. Certaines scènes également auront de quoi faire tiquer car contrastant avec le reste du film en imposant un ton beaucoup trop sérieux (heureusement désacralisé dès la scène qui suit). C’est sans doute volontaire mais on a l’impression que, parfois, elles font plus office de bouche trou (n’y voyez là aucun mauvais jeu de mot en rapport avec le sujet du film). Car oui, comme dit précédemment, faire d’un court métrage un film de 1h30, et bien c’est compliqué. Et on sent qu’il a fallu tirer sur la corde (là non plus hein) afin d’arriver péniblement aux 1h27 générique compris du film. Du coup, le rythme est parfois en dent de scie, et autant certaines scènes nous font rire aux éclats, autant d’autres nous ennuient presque.
Bunny The Killer Thing, c’est du bon gros nawak venu de Finlande, le genre de film qui nous donne le smile même si pas exempt de défauts. Bien entendu, il faut adhérer au postulat de départ, et ça ce n’est pas forcément gagné. Mais si c’est le cas, et bien vous risquez de passer un bon moment.
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