Bunraku
5.9
Bunraku

Film de Guy Moshe (2011)

Sorti chez nous sans passer par la case « Grands Ecrans », Bunraku est un film qui va obligatoirement diviser les foules et cela ne serait-ce que par son identité visuelle qui commence dès le générique et qui ne le quittera jamais, mélange de Bunraku justement, un type de théâtre japonais avec des grandes marionnettes, et de ces bandes dessinées dont chaque page est un vrai décor en 3D, un gros effort visuel qui cache par contre bien des lacunes sur d'autres points également très importants pour un film.

Tourné entièrement en studio, le style visuel de Bunraku devrait en émerveiller certains et en à l'inverse en dérouter beaucoup d'autres. Il fait parti de ces films, à l'instar de Sin City, The Spirit ou plus récemment Scott Pilgrim où une grande partie de l'ambiance qui se dégage du film passe par l'image, certains effets visuels étant d'ailleurs empruntés à ce dernier (par exemple l'ajout d'informations à même l'image sur certains personnages)...
Couleurs vives très prononcées, mélangées à des tons beaucoup plus pastels, dès le générique d'introduction en papiers pliés / dépliés on est mis dans le bain et l'ensemble est très ancré dans la culture asiatique, parfois même jeux vidéos (No More Heroes, Viewtiful Joe, GTA premier du nom) mais à la fois bandes dessinées européennes avec par exemple les sous-titres, lorsque les personnages parlent japonais, qui apparaissent incrustés dans l'écran en forme de bulle narrative.
Mais ce n'est pas tout, Guy Moshe s'amuse comme un petit fou avec ses éclairages, n'hésitant pas à changer en temps réel le filtre de couleur d'une scène en fonction de ce qu'il s'y passe, de jouer énormément avec les ombres, mais également la musique et surtout les bruitages, très dynamiques du début à la fin, accompagnant parfois entièrement des scènes de combats sur chacun des coups portés par les différents adversaires. Ca déroute un peu mais on finit par se prendre au jeu.

Ces affrontements sont l'autre point fort de Bunraku. A l'arme blanche ou à mains nues, leurs chorégraphies sont des plus réussies, dans un style américain certes, mais néanmoins assez bien faites pour retenir l'attention, avec un découpage pas trop rapide permettant de bien voir les mouvements acrobatiques de certains combattants, mais assez sec pour ne pas tomber dans un style trop « mou ». Ils ne sont jamais très longs et se finissent souvent de façon trop abrupte mais s'en sortent dans l'ensemble plutôt bien.
Peu nombreux au début, le film souffrant du coup d'un rythme un peu trop lent, ils sont plus nombreux en deuxième moitié amenant peu à peu le spectateur jusqu'au long final commençant par une grosse bataille façon deux armées qui s'affrontent, et finissant par une succession de petits combats dans l'ensemble réussis mais finissant malheureusement par un affrontement final n'en étant pas vraiment un, Ron Perlman et Josh Harnett n'étant pas de réels artistes martiaux...

Puisqu'on parle des acteurs, intéressons nous un peu plus près au casting rempli de têtes connues mais qui donne quand même l'impression de n'être composé que d'acteurs et actrices n'arrivant plus à remplir les salles et ne jouant plus que dans des petites séries B parce qu'il ne leur reste plus que ça... Et on a parfois même l'impression qu'ils ne se sentent pas vraiment intéressés par ce qu'ils sont en train de faire, à commencer par Ron Perlman dont le rôle au final tient plus de la figuration que du vrai rôle de grand méchant, ce dernier passant la moitié de son temps à l'écran caché derrière un chapeau énorme...
Mais ce n'est pas lui le pire, la palme revenant à Demi Moore dont le personnage ne sert strictement à rien, si ce n'est rajouter dix minutes de parlotte inutiles au film. Il faut bien payer ses impôts diront certains... c'est vraiment l'impression qui en ressort. Woody Harrelson n'est pas en reste... Aussi fun que soit son rôle de barman boiteux, il ne sert pas plus à grand-chose que celui de Demi Moore si ce n'est d'apporter une petite touche de d'humour avec son personnage « fun » qu'on croirait presque sorti de Zombieland.
Les seuls qui s'en sortent correctement, ce sont Gackt Kamui dans le rôle de Yoshi, un samouraï venu récupérer une amulette volée à sa famille, mais surtout Kevin McKidd incarnant à merveille Killer N°2, un tueur sadique, sans pitié avec ses hommes de main, affublé d'un costume trois pièces, d'un chapeau et de petites lunettes qui donnent à son personnage un style vraiment accrocheur. On ne retiendra que peu la performance de Josh Harnett, pas mauvaise en soit, mais tout juste moyen, lui aussi parfois un peu paumé par ce qui se passe autour de lui (des gens gesticulant sur des fonds verts...).

Bunraku pêche également par son scénario encore plus simple qu'un Girls with Guns de Hong-Kong, à savoir deux mecs de deux milieux différents qui vont faire amis-amis pour se venger d'en ennemi commun. Parce qu'il faut quand même l'avouer, c'est un film très con, affublé en plus de lignes de dialogue souvent des plus ridicules. Et le problème, c'est que tout cela est mis en scène le plus sérieusement du monde alors que c'est complètement creux, à en croise que cette masturbation visuelle présente durant deux heures n'est là que pour cacher le vide intersidéral du film en lui-même. C'est franchement regrettable car on aurait pu, avec un peu plus d'ambition et surtout de fond, avoir quelque chose qui tenait bien la route.

Alors au final, que penser de ce Bunraku... Si déjà, vous n'arrivez pas à accrocher à ce style visuel si particulier, il est fort peu probable que le film dépasse pour vous le stade du navet. Si au contraire comme moi, l'ambiance du film vous a scotché, vous arriverez malgré tout à en garder un bon souvenir, un souvenir uniquement des yeux mais un souvenir quand même. Dans le genre (mélange des styles à forte identité visuelle), préférez le plus modeste The Warrior's Way de Sngmoo Lee.

Note si on aime le visuel : 5/10
Note si on n'aime pas le visuel : 2/10
cherycok
5
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le 6 janv. 2012

Modifiée

le 20 sept. 2012

Critique lue 866 fois

3 j'aime

cherycok

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