C'est un documentaire que j'ai eu du mal à regarder car il est très éprouvant. Comme je dit souvent :" En Belgique et dans de nombreux pays occidentaux, être au chômage est un tout petit peu moins pire que d'avoir le cancer ". Cette phrase est aussi terrible que vraie. Les personnes au chômage ont le sentiment d'être inutiles et doivent faire face à de nombreux stéréotypes. Tout d'abord il y a la présomption de culpabilité. Car un chômeur est toujours considéré comme un profiteur car il reçoit de l'argent sans travailler. J'espère que les personnes tenant ce discours sont aussi intransigeantes avec les actionnaires, les responsables politiques ayant un taux de présences assez faibles, les cumulards et enfin les bénéfices dégagés par leur propre épargne. Je tiens à préciser que mes idées sont principalement inspirées de la gauche libertaire.
Ce documentaire est intéressant dans la mesure ou il se veut le plus objectif possible. Cela veut dire que chacun y verra ce qu'il veut. Il montre des faits, tout simplement. Je ne parlerai pas de ce documentaire comme l'aurait fait quelqu'un d'autre.
Plusieurs choses m'ont marquées. Premièrement, il y a l'écrasante machine qu'est l'onem. Cet organisme est un mastodonte et les personnes devant lui faire face ne peuvent que s'incliner. Des arguments légalistes sont fréquemment invoqués. De nombreuses phrases telles que : " c'est la loi " ou " je ne fais qu'appliquer le règlement " donnent cette impression. J'ai continue de penser que des règles ou des lois sont nécessaires pour l'organisation d'une société. Même dans les sociétés les plus autonomes, des règles finissent par émerger. Cependant, il faut s'interroger sur le but et l'origine d'une règle. Si une règle ou une loi profite à tout le monde, et si elle a été adoptée par le plus grand nombre, pourquoi pas. Par contre je suis défavorable aux règles affectant un nombres trop important de personnes de manière injuste. Je suis convaincu qu'exclure les personnes du chômage ne constitue en rien une solution sur le plan économique et encore moins sur le plan humain.
Les personnes qui ont le malheur de protester ou de s'énerver un peu sont tout de suite remise à leur place. Hors quand vous savez que vous allez être exclu, que vous avez des enfants et une femme, il y a peut-être de quoi s'énerver. D'autres sont désespérées. Il suffit d'un coup d'oeuil pour apercevoir des sourires des façades cachant à peine un mal bien plus profond. D'autres encore sont face à des situations absurdes à cause de lois contradictoires ou de propositions trop nombreuses de travail au noir.
Je ne blâmerai pas trop les personnes travaillant au guichets. Si la machine est écrasante pour une chômeurs, elle l'est tout autant pour un employé qui a sans doute un loyer ou un emprunt immobilier à rembourser. Cependant, je pense qu'il serait bon pour ces employés de commencer à s'interroger sur le but de leur métier. Car s'ils ne font qu'appliquer la loi, jamais ils ne protestent pour autant. De plus ils remettent toujours la responsabilités de la situation du demandeurs d'emplois sur ce dernier. Hors, ils n'ont aucune notion d'économie et n'ont pas non plus d'esprit critique vis à vis de la situation économique du pays. Et c'est ce qui m'inquiète le plus.
Cela m'amène à penser que la logique d'entreprise qui consiste cantonner les gens à des tâche simples, sans la moindre possibilité de réfléchir à ce qu'ils font ou de remettre en cause ce qu'on leur demande, se généralise hors de l'entreprise. Nous vivons de plus en plus dans des sociétés qui excluent les gens. C'est la généralisation du management pyramidal fort présent dans les entreprises privées. Si les entreprises privées peuvent exclure des personnes. Un pays peut-il en faire autant ? Je ne pense pas.
Les personnes finissent par penser que tout est de leur faute. Ils admettent avoir : " fait des conneries ", que " tout est de leur faute " ou encore que " ne pas aller bien " (càd être au bord de la dépression) n'est pas une exclus. L'Onem est une machine qui sert à broyer les gens. Avoir à faire à cet organisme est pour bon nombre de personnes le début d'une descente aux enfers. D'ailleurs les conseils formulés par le personnel de l'Onem sont ridicules et témoignent de l'obsolescence de ce service. Le fait de faire une formation ne constitue pas une solution en soi.
Ce qui m'a frappé c'est la soumission don font preuve les demandeurs d'emplois. Nombreux d'entre eux acceptent le fait de ne pas acheter de voiture constitue un frein à l'emploi. Hors quand on sait le coût qu'engendre l'achat d'une véhicule (assurances, taxes) on est en droit de se demander si on peut vraiment exiger d'une personne ayant aussi peu de revenu d'acheter une véhicule avant même d'avoir un job et la certitude d'une intervention du patron des les frais de transports.
Frédéric Lordon utilisait la phrase suivante : " Aujourd'hui nous sommes face à la socialisation des coûts et à la privatisation des bénéfices ". Je pense qu'une partie des coût est également privatisé. De plus en plus on propose aux personnes des applications gratuites sur smartphone. Cependant l'investissement de départ doit-être fait par la personne. De plus en plus de coûts directs et indirects sont assumé par la population. L'achat d'une voiture, d'un smartphone, d'un ordinateur, d'une imprimante, de vêtement sont de nombreux exemples. Au final on se retrouver à travailler pour acheter des biens qui nous servent à aller travailler.
En bref, je vous recommande ce documentaire chaudement. Il manque selon moi une analyse économique critique du chômage. Il manque sur explication détaillée sur l'absurdité des solutions proposées pour lutter contre le chômage. Peut-être qu'un taux de chômage élevé n'est là que pour mettre la pression sur les travailleurs. Les exclusions ne font qu'en remettre une couche. L’esclavage n'a peut-être pas été aboli finalement. Les chaînes ont simplement changé. Aujourd'hui elles ont laissé la place à la peur, la compétition, au management et à l'endettement. Et le côté inhumain est parfaitement incarné par nos décideurs politiques ou par l'Onem