Inspirez profondément. Vous voici désormais dans une boîte en bois sous une tonne de terre, en compagnie de Paul Conroy (Ryan Reynolds), civil américain embauché en Irak comme conducteur de camion. Après une embuscade ayant mal tourné, cet homme se retrouve pris en otage, ligoté dans un cercueil. Désormais, la caméra ne quittera jamais cet espace clos et se focalisera exclusivement sur Paul ayant pour seuls objets du monde terrestre un téléphone portable, un briquet et une fiasque d'alcool.

Second film de Rodrigo Cortès, déjà remarqué grâce à plusieurs courts-métrages dont 15 Days très primé, Buried aurait pu tourner court, jouant la carte de l'exercice de style vain et sans profondeur. Il n'en est rien, le scénario, habile, décline tout l'éventail des possibilités offertes à une telle situation. Le spectateur est lentement pris en piège comme Paul, ses nerfs jouant au Yo-Yo entre situations cocasses ou particulièrement dramatiques, entre espoir et grande désillusion.

La maîtrise parfaite de la caméra par Cortès ne laisse aucun répit et le montage est sans faille. Le film jouant sur l'enfermement, la proximité, l'étouffement, les gros plans voire très serrés (la lumière bleutée de l'écran de portable dans la barbe de Paul) sont de mise. Le réalisateur s'offre tout de même de beaux plans « larges » usant d'un joli effet de profondeur, élargissant le cercueil de Paul. Une scène particulièrement réussie dévoile également une parfaite maîtrise du suspens (on sent qu'Hitchcock n'est pas loin !). La musique et les effets sonores y sont pour beaucoup, notamment le vibreur du téléphone qui peut annoncer une très bonne ou une très mauvaise nouvelle. La lumière est elle aussi astucieusement amenée par le biais de plusieurs sources différentes tout au long du film. Son absence en est alors que plus difficile à supporter, nous forçant à tendre l'oreille pour percevoir le souffle de Paul, ses râles et ses murmures.

Loin d'être un simple film, Buried se révèle donc vite être une véritable expérience de chaque sens pour le spectateur, voire une épreuve pour certains. En effet, très claustrophobe, il nous pousse inexorablement six pieds sous terre, suffoquant presque en même temps que notre héros. Une réelle empathie, physique puis mentale, s'empare de nous, conscients de tout ce qui se déroule sous nos yeux mais totalement impuissants à modifier quoique ce soit. Et lorsque la lumière de la salle se rallume, une seule envie nous prend, celle de courir dehors pour prendre quelques bouffées d'air pur.
Before-Sunrise
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le 11 févr. 2011

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