Burning donne d’abord l’impression qu’il ne s’y passe pas grand-chose. Et pourtant… Pourtant on est constamment en alerte, intrigués, par le couple Haemi / Jongsu puis fascinés par l’étrange triangle amoureux qu’ils forment avec le mystérieux Ben. Il semble flotter sur ce trio quelque chose de l’ordre de la menace, mais qu’on aurait du mal à caractériser. Lee Chang Dong va très loin dans la caractérisation des personnages. Il questionne la sexualité et les classes sociales, s’ingénie à mettre en place ces rapports de force méthodiquement, scrupuleusement, patiemment, comme on imbrique les pièces d’un puzzle. La liberté de sa caméra, l’élégance des plans et des mouvements, tout est gracieux dans sa mise en scène. L’allusion et la suggestion enfièvre un récit jamais ennuyeux car jamais totalement éclairé. Progressivement l’atmosphère s’épaissit, le mystère se mue en inquiétude trouble. On est happé, définitivement, et jusqu’au brûlant dénouement qui laissera certaine révélation à l’imagination de chacun. Et c’est très bien ainsi.
Burning est un grand film intime et vénéneux.