Lee Jong-Su est un jeune coréen enchaînant les petits boulots. Un jour, le destin met sur son chemin Shin Hae-Mi, une jeune femme qu'il connaissait étant jeune. Si cette dernière laissait Jong-Su parfaitement indifférent à l'époque, elle a depuis grindé les points de charisme et semble bien déterminée à l'inscrire à son tableau de chasse. Jong-Su, un peu dépassé parce ce qu'il lui arrive, se laisse faire joyeusement avec la sagesse de l'homme qui sait prendre ce qu'on lui donne. Une relation s'amorce entre les 2 jeunes gens.


Un jour au cours d'un voyage, Hae-Mi fait la connaissance de Him to Ben et le présente à Jong-Su. Très vite, le malaise s'installe dans le trio : Ben a du charme, est beau gosse, roule en Porsche et passe beaucoup de temps avec Hae-Mi. Jong-Su, un peu effacé, plutôt pauvre, un peu ahuri et propriétaire d'une camionnette moisie sent le vent tourner. D'autant plus qu'il a du mal à cerner les intentions de son rival...


Avec Burning, Lee Chang-Dong réussit à capturer ce qui fait le charme de Murakami : quelque chose cloche... La romance entre les 2 protagonistes (interprétés impeccablement) nous parle, les dialogues sont ciselés, leurs interactions touchantes. Et pourtant, on se demande ce que Hae-Mi trouve en Jong-Su, volontiers dépeint comme balourd durant tout le film. Jong-Su est missionné pour nourrir un chat qu'il ne verra jamais. Ben, dont la situation lui permettrait d'être n'importe où ailleurs, traîne avec ce couple modeste qu'il semble plus observer que fréquenter. Et l'on en vient à douter de l'existence d'éléments pourtant bien tangibles, comme un puits.


Petit à petit, le réalisateur installe ce sentiment d'inquiétante étrangeté, si propre à l'écrivain japonais. Le film glisse de la romance vers le policier et on sent le drame se profiter à l'horizon. Une présence rôde, quelque chose se trame.


Certaines scènes sont particulièrement mémorables, comme cette danse crépusculaire de Hae-Mi sur un air de jazz. Ou encore la discussion qui suit entre les 2 hommes et dans laquelle Ben reflète un mal chimiquement pur. Le tout servi par une réalisation au diapason.


À la fin, on se demande si l'on n'a pas rêvé. Chacun choisira sa version de l'histoire.


Un excellent film.

Drdrosophile
8
Écrit par

Créée

le 29 août 2024

Critique lue 6 fois

Drdrosophile

Écrit par

Critique lue 6 fois

D'autres avis sur Burning

Burning
EricDebarnot
9

L'avventura du petit paysan

Grand admirateur de Murakami dont la prose élégante et minutieuse et le fantastique brumeux sont si difficilement transposables au cinéma, mais aussi confiant dans le talent du rare Lee Chang-Dong...

le 11 sept. 2018

90 j'aime

10

Burning
Rometach
5

Feu de paille

[Remarques générales. Je n'ai pas envie de juger et noter des films que je n'ai vus qu'une fois, souvent avec peu de connaissance du contexte de production. Je note donc 5 par défaut, et 10 ou 1 en...

le 22 mai 2018

54 j'aime

16

Burning
Moizi
8

Le monde est une énigme

J'ai beaucoup attendu avant de voir Burning car le film est long, tout le monde en dit du bien et j'avais vraiment peur de ne pas trouver ça fou et de m'ennuyer un peu. Mais il n'en est rien ...

le 26 déc. 2018

46 j'aime

2

Du même critique

Spaceman
Drdrosophile
3

L'Hanuš comme la porte des étoiles

Spaceman, c'est comme un plan galère avec ses potes ados attardés : sur le moment, on a hâte que ça se termine mais quelques années plus tard, on en rigole en se disant que c'était vraiment trop...

le 5 mars 2024

1 j'aime

1

Titane
Drdrosophile
1

Meurtres, boobs et jantes alu

Depuis la sortie de Titane, la curiosité me titillait... Ducourneau ne m'avait absolument pas convaincu avec Grave mais l'engouement suscité par son dernier métrage - qui, rappelons le, a décroché la...

il y a 5 jours

L’Amour au présent
Drdrosophile
7

Pour ceux qui aiment transpirer des yeux

L'amour au présent, c'est l'histoire d'amour de Tobias et Almut mais pas seulement au présent (il y a un piège). Le film se déroule en effet sur plusieurs époques, entremêlant dans une narration...

il y a 6 jours