Depuis la sortie de Titane, la curiosité me titillait... Ducourneau ne m'avait absolument pas convaincu avec Grave mais l'engouement suscité par son dernier métrage - qui, rappelons le, a décroché la palme d'or à Cannes et été encensé par une bonne partie de la presse - m'apparaissait pour le moins suspicieux. Un film de body horror français chelou avec des bagnoles et des néons, ce n'est pas vraiment fait pour plaire à tout le monde. Ça fleurait quand même bon les éloges de principe pour un film qui coche des cases à la mode. Il était temps de jeter un œil à l'objet pour se faire son propre avis.
De quoi ça parle?
Alexia est une jeune femme gagnant son pain en dansant torridement sur des voitures. Un accident survenu dans son enfance l'a doté d'une plaque de titane greffée sous le crâne et d'une fort belle cicatrice tout en discrétion. Un jour, elle plante un sale con un peu trop passionné par son travail. Dans la foulée, elle assassine une copine gratos après avoir tenté de lui arracher son percing au téton avec les dents. Et pour finir, elle décide de faire crâmer ses parents dans leur baraque car après tout, les parents sont toujours responsables, c'est bien connu.
Notre "héroïne" se dit alors qu'il est temps de changer d'air mais se rend vite compte que les forces de l'ordre sont à sa recherche. Elle décide donc fort logiquement de changer son apparence et de se péter le nez pour se faire passer pour un garçon disparu depuis des lustres. Enceinte d'une voiture avec qui elle s'est envoyée en l'air précédemment (oui oui), la chose n'est pas aisée. C'était sans compter sur la bonhomie d'un Vincent Lindon stéroïdé et visiblement défoncé à la colle H24 qui décide de croire dur comme fer à la supercherie.
Son papa d'adoption se pique dès lors de lui faire intégrer la fière bande de pompiers sous ses ordres, une décision pleine de bon sens pour une personne visiblement traumatisée, mutique et à la carrure de mante religieuse. Après moultes péripéties parachutées comme un apparatchik dans une circonscription, la supercherie éclatera au grand jour, ou plutôt au petit jour crépusculaire, le film se terminant sur un combo gagnant débutant par une scène d'amour entre le père et son faux fils disparu pour déboucher sur la naissance d'un petit cyborg mi-homme mi-voiture avant que sa mère ne rende l'âme (et on la comprend).
"So desu ne..." comme disent les Japonais...
Précisons que cette délicate histoire nous est narrée parsemée de boobs dans tous les sens. Alors moi, je n'ai absolument rien contre le principe mais là, on est dans l'abondance, Agathe Rousselle apparaissant à poil littéralement une scène sur deux. Boobs dans la douche. Boobs dans le garage. Boobs dans la voiture. Boobs dans les toilettes. Boobs dans la chambre. Boobs. Boobs. Boobs. Cul de Vincent Lindon. Boobs boobs cul boobs cul boobs boobs. C'en est épuisant...
Esthétiquement, c'est d'une laideur sans nom. Grave m'avait déjà déprimé avec son campus immonde et ses chambres craspec, ici c'est pire. Tout apparait moche et vieux, les intérieurs ont tous l'air épuisés, on se sent comme coincé dans un bâtiment de l'administration publique pendant 2h. La chambre d'Adrien me donne envie de me tirer une balle, comment la réalisatrice parvient-elle à tout rendre aussi glauque?... Ce n'est pas non plus dans la photo que le spectateur trouvera son salut.
Dans l'ensemble, pour moi rien n'a de sens. Les personnages font des choses, ça se veut choquant et transgressif mais ça ne va nul part, ça ne dit rien. Alors certes, c'est assez imprévisible mais de la même façon que si l'on nous servait un jour de la mousse expansive à la cantine : on est surpris mais pas en bien.
Le film aborde des thématiques mais n'a rien à dire dessus. Ou le dit tellement mal qu'aucun message ne passe.
- Une femme se fait passer pour un homme et intègre un milieu de gros musculeux qui écoutent de la techno en transe torse nu entre des camions. D'un coup, les voilà qui décident de la porter en triomphe sur le toit du camion alors qu'ils ne l'ont jamais calculée. Elle se met à dancer langoureusement et les voilà tout déconfis.
- Un père bouleversé par la disparition de son fils retrouve ce dernier après des années. Il lui rase alors la moitié de la tête, lui met des fringues de pompier, lui demande de lui faire des piqûres dans le boule puis danse avec lui comme un collégien en le faisant tourner sur ses épaules alors que le fiston a maintenant la vingtaine.
...
Rien n'est crédible. Personne ne réagirait comme ça. La symbolique ne passe pas, les scènes mal amenées et irréalistes s'enchaînent et on en reste sidéré. Pas pour le propos ou le côté artistique, plutôt pour la fatuité et la gratuité de la chose. Les gens dans ce film ne sont pas des êtres humains, tous les dialogues et les situations sonnent faux. Alexia décide un jour de tuer tout le monde, on ne saura pas pourquoi. Le jeune pompier Rayane existe vaguement dans le décor, il ne servira jamais à rien. Le daron de la tueuse semble très contrarié par sa fille, on se dit qu'il a peut-être compris qqch, puis il meurt et disparait au bout de 20 min.
Tout n'est que prétexte à proposer des situations bizarres et malaisantes. Comme si cette étrangeté se suffisait à elle-même. Alexia accouche d'un bébé cyborg après avoir couché avec une bagnole. Ok. Qu'est ce qu'on essaie de nous dire au juste? On ne sait pas... Peut-être qu'on peut s'hybrider avec un objet en se faisant plaisir avec. Dommage qu'Alexia n'ait pas eu un penchant pour les bananes, elle aurait pu accoucher d'un Arcimboldo.
Je ne comprends pas ce film et je comprends encore moins la bienveillance qu'il suscite. Qu'ils plaisent à quelques cinéphiles, pourquoi pas. Que la moitié de la France s'ambiance dessus, alors là ça m'échappe. Ça dure moins de 2 heures et je l'ai regardé en 2 fois tellement c'était chiant. Ah, et en plus le body horror est raté et à doses homéopathiques.
Fuyez.