Vous avez tous vu ces comédies américaines se déroulant dans des lycées typiquement américains, et dans lesquelles la chef des cheerleaders est forcément (du moins au début) en couple avec le quaterback. Cette-dernière représentant traditionnellement la figure de l'ennemie, et passant pour une salope voire une arriviste. Dans le meilleur des cas - c'est-à-dire dans Daria - il s'agit seulement d'une gentille cruche qui n'a pas conscience d'être une poupée uniformisée, et nous pouvons nous prendre de sympathie pour elle. En tout cas, elle n'est jamais l'héroïne. But I'm a Cheerleader change la donne, en prenant comme personnage principal une cheerleader, mais plutôt dans la veine cruche ; rien ne manque : le petit ami quaterback, la crinière blonde, le modèle familial parfait, et elle est même croyante. Seulement, ses proches pensent qu'elle est homosexuelle car elle n'aime pas mettre la langue quand elle embrasse son copain, et l'envoient donc dans un centre spécial pour guérir son homosexualité. Et on ne rigole pas, car ces centres existent bel et bien au pays de l'oncle Sam. Ils ont ça aussi en Russie, sauf que là-bas, ça s'appelle des goulags.

Tout le sel de cette comédie corrosive part donc de ce concept, de ce passage d'une gentille bluette rose-bonbon à l'inconnu, dans la mesure où, alors que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes américains possibles, il s'avère que l'héroïne ne remplirait pas son rôle et préférerait brouter le gazon.
Le film est clairement un pamphlet contre cette Amérique profonde et puritaine qui voit l'homosexualité comme une maladie, à l'image de la directrice du centre de "soin", et de son programme totalement contre-productif. Cela fournit d'ailleurs un environnement délirant, tant son propos même parait décalé, voire carrément grossier.
Et notre héroïne dans tout ça ? Surprise. Il faudra regarder par vous-même. Les personnages font globalement dans la caricature, mais pas au point d'en devenir insupportables ; ils sont même plutôt marrants, car n'oublions pas que nous sommes dans une comédie.
Même s'il n'est pas hilarant et qu'il force sur l'esthétique kitsch, But I'm a Cheerleader permet de passer un bon moment grâce à sa façon de détourner la comédie américaine pour adolescents, et quelques choix musicaux des plus tarantinesques.

Créée

le 30 août 2013

Critique lue 610 fois

2 j'aime

Ninesisters

Écrit par

Critique lue 610 fois

2

D'autres avis sur But I'm a Cheerleader

But I'm a Cheerleader
Lachésis
10

Critique de But I'm a Cheerleader par Lachésis

Tendresse, humour, acide, voilà tout ce que nous offre cette comédie magnifique et juste. C'est avec un regard à la fois dédaigneux et pointu que Jamie Babbit caricature une société américaine qui...

le 24 sept. 2010

7 j'aime

But I'm a Cheerleader
Plume231
6

On peut rire de tout, même de l'homophobie... !!!

Aussi aberrant que cela puisse paraître dans le cher pays de l'Oncle Sam existe des centres où on "hétérosexualise" les "éléments déviants" c'est-à-dire les homosexuel(le)s, et d'une aberration le...

le 1 févr. 2014

6 j'aime

But I'm a Cheerleader
ingalere__
8

pas assez de revanche!

film merveilleux! juste à la fin, pas assez de revanche sur les connards d'homophobes. je voulais qu'on tire les cheveux à la prof et que le daron de Graham se casse la gueule etc.

le 23 févr. 2024

2 j'aime

Du même critique

Evangelion 3.0 : You Can (Not) Redo
Ninesisters
10

La prochaine fois, j'enlève le bas !

Si je suis légèrement moins emballé que pour les deux premiers opus, je trouve quand même qu’il s’agit pour l’instant du meilleur de la saga. Paradoxe ? Incohérence ? Disons que mon impression est à...

le 30 avr. 2013

43 j'aime

Hellsing Ultimate
Ninesisters
9

Critique de Hellsing Ultimate par Ninesisters

Kôta Hirano est un mangaka plus connu pour la qualité de ses boucheries, enfin de ses manga, que pour son rythme de publication. Ainsi, après le succès d’un premier anime qui ne reprenait finalement...

le 13 mars 2013

38 j'aime

1