But I'm a Cheerleader par Ninesisters
Vous avez tous vu ces comédies américaines se déroulant dans des lycées typiquement américains, et dans lesquelles la chef des cheerleaders est forcément (du moins au début) en couple avec le quaterback. Cette-dernière représentant traditionnellement la figure de l'ennemie, et passant pour une salope voire une arriviste. Dans le meilleur des cas - c'est-à-dire dans Daria - il s'agit seulement d'une gentille cruche qui n'a pas conscience d'être une poupée uniformisée, et nous pouvons nous prendre de sympathie pour elle. En tout cas, elle n'est jamais l'héroïne. But I'm a Cheerleader change la donne, en prenant comme personnage principal une cheerleader, mais plutôt dans la veine cruche ; rien ne manque : le petit ami quaterback, la crinière blonde, le modèle familial parfait, et elle est même croyante. Seulement, ses proches pensent qu'elle est homosexuelle car elle n'aime pas mettre la langue quand elle embrasse son copain, et l'envoient donc dans un centre spécial pour guérir son homosexualité. Et on ne rigole pas, car ces centres existent bel et bien au pays de l'oncle Sam. Ils ont ça aussi en Russie, sauf que là-bas, ça s'appelle des goulags.
Tout le sel de cette comédie corrosive part donc de ce concept, de ce passage d'une gentille bluette rose-bonbon à l'inconnu, dans la mesure où, alors que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes américains possibles, il s'avère que l'héroïne ne remplirait pas son rôle et préférerait brouter le gazon.
Le film est clairement un pamphlet contre cette Amérique profonde et puritaine qui voit l'homosexualité comme une maladie, à l'image de la directrice du centre de "soin", et de son programme totalement contre-productif. Cela fournit d'ailleurs un environnement délirant, tant son propos même parait décalé, voire carrément grossier.
Et notre héroïne dans tout ça ? Surprise. Il faudra regarder par vous-même. Les personnages font globalement dans la caricature, mais pas au point d'en devenir insupportables ; ils sont même plutôt marrants, car n'oublions pas que nous sommes dans une comédie.
Même s'il n'est pas hilarant et qu'il force sur l'esthétique kitsch, But I'm a Cheerleader permet de passer un bon moment grâce à sa façon de détourner la comédie américaine pour adolescents, et quelques choix musicaux des plus tarantinesques.