Bouche d'incendie et le Kid.

Vous voyez ces deux grands gaillards qui trottent élégamment dans les plaines arides de cette Amérique sèche et criminelle ?
Vous les voyez trotter alors qu’ils sont poursuivis par de vieux rabat-joies, prétendant vouloir les arrêter (les tuer) pour leurs crimes. Façade pour ces vieux vautours qui sont simplement jaloux du succès que peuvent avoir deux hommes d’une complémentarité hors normes.

Alors ils vont les poursuivre, les chasser, Sundance et Butch : deux noms d’emprunt, mais deux noms auxquels nous nous raccrochons. Pour nous leurs vraies identités sont : Butch Cassidy et Sundance Kid, pour tout le monde d’ailleurs.

Et nous, nous serons emportés involontairement dans cette traque sans halte. Nous seront transportés, nous suivront nos deux amis pour lesquels on se liera d’amitié, tout en sachant que ce qu’ils font n’est pas droit et aucunement juste.

Contrairement à eux nous n’aurons, à aucun moment, notre mot à dire. Nous sommes spectateurs, notre but est donc de se laisser tomber dans ce nuage de perfection, de nous laisser bercer par ces quelques notes de musiques.

Notre rôle est également d’aimer Paul Newman comme le fait Sundance, comme un ami, le regarder faire l’autiste sur un vélo, le voir mettre au tapis un bouffon un peu trop vantard, l’entendre parler son espanglais.

L’action réciproque est donc inévitablement obligatoire. Du fait, on aime Robert Redford aussi fort que l’aime Butch, on aime autant que lui le voir tricher, le voir donner une leçon de tir à un glavioteur bolivien, ou encore rire quand on apprend qu’il nage aussi bien qu’une autruche.

Le fait est qu’après ce voyage, Butch Cassidy et le Kid en ont fini, on ne les reverra plus, le film étant terminé. Cependant vous, vous êtes toujours présent, vous restez assis la bouche ouverte pendant bien 324 secondes avant de décider d’aller vous servir un vers de whisky, de vous mettre dans le rocking-chair, et de repenser, au voyage magique que vous venez de vivre, à la démonstration sonore que vous venez d’entendre. Vous revoyez surtout Sundance et Butch au trot, dans les montagnes boliviennes, et vous vous rendez comptes que vous les aimez, que vous aimez ce monde aride et chaud, et donc que vous aimez ce film.