Mouais, mitigé, c’est bien le mot. Autant, j’apprécie le spectacle visuel et sonore qui nous est proposé dans ce Buzz l’Éclair, autant, je ne peux m’empêcher d’y voir une forme d’essoufflement chez Pixar. Le film n’est pas mauvais, loin de là, c’est un très bon moment d’aventure, parfois épique, mais jamais touchant.
Qu’on se le dise très franchement, Alerte Rouge, le précédent Pixar sorti cette année ne payait pas de mine. Mais il avait au moins cette volonté de parler à son spectateur, d’évoquer des choses purement intimes (ici, le fossé générationnel, le passage à l’âge adulte pour une fille et le fait de vivre avec une double nationalité). Pixar a toujours été capable de parler de sujets tabous avec une grande aisance. C’est un studio qui a eu le culot de poser une satire sur le monde du travail et la xénophobie avec Monstres & Cie, de parler du deuil d’un octogénaire dans Là-Haut, du deuil paternel dans En Avant, de la dépression adolescente dans Vice-Versa et même de concepts philosophiques autour de la mort dans le sublime Soul. Mais dans Buzz l’Éclair, il n’en est rien. Dans Buzz l’Éclair, on est là pour s’en prendre plein la vue, pour rigoler un bon coup, mais jamais pour vivre un moment de grâce comme Pixar sait pourtant si bien le faire.
A partir de là, impossible pour moi de considérer ce Buzz l’Éclair comme un grand Pixar. Et pourtant, on aurait pu y croire avec ce premier acte pourtant si bien ficelé. D’autant plus que les références à Toy Story sont quasi-inexistantes. Ici, il est question de prendre une figure iconique de la pop culture (Buzz) et de la refaçonner en mythe héroïque de cinéma de science-fiction. Autant, l’exercice de style est accompli, ce nouveau Buzz n’est pas pour déplaire et ses moments de bravoure sont nombreux, mais il occasionne un souci majeur qui ne cessera de hanter les esprits tout le reste du film : que c’est générique. Que ça ressemble déjà à tout autre film de science-fiction dans l’espace. Je pense que s’il n’y avait pas eu l’étiquette Buzz et Pixar, le film serait passé comme un long-métrage d’effets spéciaux à grand spectacle type Roland Emmerich ou Michael Bay. Des films, certes, très appréciables pour leur spectacle visuel, mais aucunement marquant pour les scénarios et les personnages.
Et c’est peut-être pour ça aussi que ce Buzz l’Éclair marque si peu, ses personnages ô combien vu et revus. Le parcours du héros typique ne surprend jamais et passé le premier acte (encore une fois, plus qu’excellent), tout se suit sans surprise. Alors oui, il y a quelques révélations sympas, surtout autour du méchant, mais elles ne sont jamais poussées à bout pour en faire un réel bon point.
Concernant le méchant, je trouve très judicieux qu’un Buzz vieux et d’une autre temporalité joue ce rôle. Il est le reflet du héros s’il persistait dans des valeurs qu’il défend au tout début du film. Ce n’est pas un mauvais Buzz, c’est juste un Buzz qui n’a pas connu les mêmes obstacles et qui a évolué dans un autre sens. Mais le lien qui unit les deux Buzz n’est pas assez étoffé, ils n’ont pas assez d’interactions et le film préfère insister sur d’autres relations déjà vues et revues dans d’autres films comme celle qu’entretien Buzz avec la petite-fille de sa meilleure amie.
Même le thème de Michael Giacchino sonne comme n’importe quel autre thème de film d’aventure (au même titre que son travail flemmard sur les Spider-Man du MCU). Quand ce mec sort un peu de ses carcans habituels et réfléchit vraiment son travail, il nous donne des musiques incroyables comme celle de The Batman, mais ici, il n’est absolument pas inspiré.
Finalement, de ce Buzz l’Éclair, on ne retiendra que les prouesses visuelles, de bons gags notamment grâce au personnage de chat-robot Sox et un premier acte très prometteur mais qui sombre petit à petit vers le classique jamais surprenant. C’est dommage venant d’un studio qui a toujours su nous surprendre avec ses histoires inédites et sa capacité à nous toucher en plein cœur, ce que ce Buzz l’Éclair ne fait absolument jamais.