Fuck forever, if you don't mind
L'univers punk rock : on adhère, ou on n'adhère pas.
Quand certains n'y verraient que de la barbarie, d'autres interpréteraient cela comme un retour à l'état de violence naturel, le besoin de crier sa liberté individuelle contre l'ordre moral établit : Do it yourself ! Virginie Despentes aborde le sujet sous ce second point de vue, on l'aura compris, en référence à son adolescence de punkette.
On se retrouve donc dans la ville de Nancy à suivre Gloria, une quadra néo-punk larguée par son mec, dans un squat tenu par une poignée anarchistes et autres fans de Motörhead, avec pour fond sonore les Cherokees et leur "Rock'n Roll Control". A la télé, on peut voir Frances (Emmanuelle Beart), animatrice vedette d'une émission et d'après ce qu'on en déduit, ancienne connaissance de Gloria.
L'histoire s'attache ensuite à relater leurs retrouvailles et leur incompréhension devant tant d'années gâchées, éloignées l'une de l'autre aussi bien physiquement que dans leurs choix de vie. Des flashs-back viennent ainsi nous apprendre que les deux femmes ont vécu une histoire passionnée durant leur jeunesse, entre internements psychiatriques, descentes de police, sexe, drogue et grosses bastons à coup de battes de baseball (la scène précédant l'émeute est d'ailleurs l'une des plus réussies, sublimée par le morceau "Cayenne" par Parabellum).
Des sujets plutôt lourds a priori; ici amoindris par le regard de ces deux adolescentes révoltées comme faisant partie intégrante de leur mode de vie et du mouvement punk.
Alors certes le film n'est pas un chef-d’œuvre, le scénario ne paie pas de mine et le tout est filmé à la truelle (encore qu'on puisse y voir une certaine cohérence avec le thème). Mais j'ai été contente de pouvoir apprécier une période très peu abordée par le cinéma : celle de la culture punk des années 80. On nous parle d'antifas, de skins, de punks, de rock et de oï, et de deux femmes nihilistes qui refusent la nostalgie pour vivre leur amour au présent puisque de toute façon : "no futur".
Et en plus ça se passe à Nancy, donc ça ne peut être que crédible !