Un ennui mortel
Aie aie aie ! Je me rends compte au vu des notes attribuées par mes éclaireurs que je suis le seul con à n’avoir pas apprécié ce film, alors je m'interroge: pourquoi est-ce que je suis complètement...
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le 18 janv. 2022
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Ce film prétend proposer un nouveau regard sur le documentaire C'est assez bien d'être fou (2018), mais se contente d'un simple remontage, apparemment à l'attention des enfants (mais tenez-moi informé si vos enfants ont réussi à rester attentifs devant ce film). Selon-moi, jamais la mention "jeune public" n’aura été aussi inappropriée. Ce film atypique se présente comme un documentaire au ton aventureux et réflexif. Le film suit le parcours de Bilal Berreni, un artiste de rue surnommé Zoo Project, qui, accompagné du réalisateur, traverse l’Europe et l’Asie au volant d’un vieux camion. Entre récits de voyage et réflexions sur l’art et la liberté, le documentaire aspire à capter l’essence de la création nomade.
Malheureusement, l’intention ambitieuse de cet itinéraire initiatique ne se traduit pas par une expérience cinématographique convaincante, loin de là. L’idée de départ, celle de suivre un artiste dans une aventure humaine et artistique à travers plusieurs continents, avait un potentiel certain, mais le résultat est piétiné par une succession de défauts qui relèvent principalement d'une paresse artistique occulté par un snobisme critique ambiant. Il ne faut pas se voiler la face : le film est mauvais.
Le fait de lâcher prise devant un film en roue libre n’est pas soutenu par une direction précise et une idée de base définies. Il est clair que les créateurs ne savaient pas ce qu’ils tireraient de leur errance, et ça se ressent. Sous le couvert d’un film artistiquement intelligent, le film nous mène complètement en bateau.
Par ailleurs, le rythme est désespérément lent. Les scènes s'étirent inutilement, souvent sans propos clair ni fil conducteur, avec des séquences anecdotiques voire souvent inutiles (comme de longues conversations au téléphone qu’on ne parvient pas à entendre). Ce qui aurait pu être un voyage initiatique créatif se résume à une succession d’images dignes d’un banal carnet de vacances. Les échanges entre les protagonistes, qu’on ne peut décemment pas appeler dialogues, sont dénués de profondeur et de sens. Le découpage du voyage en chapitres, avec des intertitres à rallonge, souligne davantage l’absence d’éléments intéressants de la production. On a plutôt le sentiment que le texte vient combler un vide sidéral.
Il est important de préciser que la qualité du travail du peintre urbain Zoo Project n’est nullement remise en question. Ses fresques murales sont remarquables, d’une force évocatrice indéniable, et elles témoignent de son talent unique en tant qu’artiste de rue. Cependant, le film ne parvient pas à retranscrire la puissance et l’énergie qui émanent de son art, ce qui contribue à la déception générale à l’égard de ce projet cinématographique.
Ne vous attendez pas non plus à vous raccrocher à la promesse de l’animation. S’il s’agit bien d’un film hybride, les séquences animées, qui ne sont pas à proprement dit animées, organisent des silhouettes en papier découpé dans des plans aussi statiques que tout le reste.
Enfin cette version « jeune public » est une véritable arnaque. Techniquement parlant, il s’agit d’une version condensée du film original, pour une finalité tout aussi ennuyeuse. En dépit de sa classification "jeune public", il est difficile d’imaginer un enfant, ou même un adolescent, rester concentré devant ce film sans tension, sans pédagogie ni enjeu narratif. Les scènes de voyage s'enchaînent sans réel liant et la réflexion artistique promise se noie dans des prétentions non abouties. Ce manque de maîtrise, tant dans la narration que dans le montage, rend l’expérience laborieuse et frustrante.
Ce documentaire s’égare dès les premières secondes dans la mollesse et la futilité. Ce qui aurait pu être une immersion fascinante dans le quotidien d’un artiste itinérant devient un récital d’images dénuées d’impact. Ni le rythme, ni la narration, ni même la réflexion sur l’art ne parviennent à retenir l’attention. Antoine Page livre un objet filmique qui n’apprend rien, ne suscite rien et n’invite qu’à une seule chose : l’ennui. Une perte de temps, d’efforts et d’argent.
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Créée
le 15 déc. 2024
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