Le voyage est appréciable en tant que petite excursion cinématographique à la croisée de genres / nationalités / temporalités pour le moins inhabituelle, mais en termes de plaisir on est plus proche de la douche froide tant cette comédie romantique japonaise de la fin des années 1960 creuse son sillon dans un style qui m'est particulièrement peu intelligible. Trois pôles principaux dominent l'intrigue : Kiyoshi Atsumi, le Torajirō aka Tora-san éponyme, gros bouffon et grand fanfaron revenant dans le foyer familial après une absence d'une vingtaine d'années (et accessoirement marchand de livres ambulant) ; Kiyoshi Atsumi, sa sœur, cristallisant deux thématiques antagoniques, la carte émotion en se faisant le support d'un amour entre (demi) frère et sœur, et la carte bouffonnerie, puisque ce sont les événements sérieux de sa vie, du genre mariage, qui offrira toutes les latitudes au protagoniste pour laisser exploser sa folie et, à cette occasion, de grands moments de gêne ; et enfin Chishū Ryū, dont la présence ici quand même est assez improbable (séquence un peu lunaire dans laquelle on lui demande de sourire pour une photo et où il dit "Butter" au lieu de "Cheese"...), en grand prêtre dont la fille sera l'objet d'un amour fantasmé de la part de Tora-san, on s'en doute, voué à être déçu. Petit détail pas si négligeable indiquant l'importance de ce film dans la culture japonaise, il s'agit du premier volet d'une série qui en comptera pas moins de 50, étalés entre 1969 et 2019, le gros de la production étant condensé dans les années 70 et 80. Visionnage intéressant, important dans une certaine mesure, mais qui peine malgré tout à se faire vraiment pertinent ou passionnant dans les deux principaux genres qu'il explore, la comédie et la romance. Le côté mouton noir maladroit et bon vivant devient assez vite répétitif, tout autant que les nombreuses bourdes qu'il commet involontairement et inlassablement.