Julie Delaunay ne veut pas croire à la mort de son mari disparu depuis plusieurs années sur un champ de bataille en 1916.


Le frère du disparu souhaite même organiser des obsèques sans le défunt. Mais la presse publie le portrait d'un homme amnésique qui ressemble trait pour trait à Julien, ce cher disparu. Il ne reconnaît pas Julie mais le médecin propose une "expérience" pour l'aider éventuellement à retrouver la mémoire. Il ira vivre trois semaines dans la grande demeure bourgeoise de Julie qui est peut être aussi la sienne. Et effectivement, après des débuts incertains, hésitants, Julien (re)tombe amoureux de cette femme qui l'entoure de soins et d'amour. Le couple vit quelques jours de bonheur jusqu'à ce que surgisse une autre femme, Rose-Marie alias Frimousse qui revendique également Julien comme son mari, mais qui s'appellerait cette fois Victor. Le médecin est formel : tant que l'identité de Julien/Victor n'est pas authentifiée, il reste son patient et cette fois c'est chez Frimousse qu'il va passer un stage d'identification.


Des histoires de disparition et d'amnésiques il en a existées et le réalisateur s'inspire de plusieurs cas survenus dans les années 20 mais je n'irai pas par quatre chemins, le traitement qu'il en fait est raté. D'une part parce qu'il accorde beaucoup plus d'importance et donc de temps à Julie dans une première partie où aucun doute n'est permis puisque des photos (Julie et Julien sont photographes) trônent partout dans la maison, d'autre part parce que le personnage de Frimousse semble beaucoup plus ambigu et étrangement mystérieux bien qu'elle ait également des photos de Victor chez elle. Les trois scènes où elle chante dans le cabaret qui l'emploie ne sont là que pour faire du remplissage et parvenir à boucler une heure trente de récit assez laborieux. J'ai l'impression que la recherche difficile des souvenirs de Julien auraient été suffisants sans faire intervenir un troisième personnage superficiel et pas bien crédible. Louise Bourgoin semble jouer les cocottes plutôt que les artistes ou les femmes amoureuses et sa première réaction en voyant Victor (éclater de rire) est pour le moins étrange. Son personnage est plutôt mal traité selon moi. C'est mou et pas franchement passionnant dès lors que ce troisième personnage intervient.


Karim Leklou utilise son beau et changeant regard comme principal atout de son personnage qui, bien que double manque singulièrement de profondeur. On parle peu dans ce film alors que même si la mémoire passe aussi c'est évident par les sensations, les sentiments voire le désir, la parole est trop négligée. Julien/Victor n'a rien à dire et se laisse porter par le cours des évènements et le combat de chacune des deux femmes pour l'avoir à elle. Il semble, avec la mémoire, avoir perdu toute volonté, tout caractère, toute personnalité. Son trouble est parfaitement compréhensible mais il est singulièrement passif.


C'est finalement Leïla Bekhti qui s'en sort le mieux dans son beau personnage de femme amoureuse, passionnée qui souffre et lutte.


Mais c'est looooooong et mou.

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le 9 avr. 2023

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