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Faire l'ouverture de l'un des plus prestigieux festival du monde ce n'est pas rien. Nul doute que la nouvelle folie de Quentin Dupieux en a dérouté et en déroutera plus d'un. Les commentaires à la sortie de la salle me laissent à penser que sans connaître ce réalisateur et son oeuvre, on risque d'être décontenancé. Et pourtant, comme toujours avec ce réalisateur original, différent mais qui ne cherche jamais (il me semble) à tomber dans la provocation facile, il faudrait (comme ce fut mon cas) ne RIEN savoir de ce que l'on va voir. Pour le peu que j'en ai lu, les encartés se chargent déjà d'en dire trop et d'éventer la surprise. C'est dommage et j'espère ne pas en faire de même. Sinon, ne lisez pas et revenez ensuite.

Je sais, en démarrant un film de Dupieux que je vais me faire balader voire malmener et c'est en partie ce qui m'attire. La bande-annonce est d'une folle originalité et donne un très léger aperçu de ce que sera la suite. Mais je préfère m'en tenir au synopsis officiel qui ne révèle rien :

"Florence veut présenter David, l’homme dont elle est follement amoureuse, à son père Guillaume. Mais David n’est pas attiré par Florence et souhaite s’en débarrasser en la jetant dans les bras de son ami Willy. Les quatre personnages se retrouvent dans un restaurant au milieu de nulle part".

Pour le reste sachez que le réalisateur déclare une fois de plus son amour du cinéma et surtout des acteurs. Il leur met en bouche des situations et des dialogues concoctés pour devenir cultes. Il se sert de la personnalité et de ce que nous connaissons ou croyons connaître de son quatuor d'acteurs complètement dévoué au projet pour les faire parler et nous faire tomber dans l'abîme d'un abîme et nous faire rire, parfois aux éclats, nous surprendre, nous laisser en apnée devant la force des joutes verbales et conclure brillamment son histoire parfois vertigineuse tant il brouille les pistes. La "chute" est parfois la petite faiblesse des films de Dupieux , ils semblent ne pas finir. Ici, c'est talentueusement conclus.

Et en nous baladant constamment entre vérité et fiction, entre le jeu d'un acteur et la réalité il glisse également en toute discrétion parfois les préoccupations actuelles concernant l'ère #metoo, le mépris des acteurs stars face aux "petites mains" du cinéma, les dangers de l'intelligence artificielle, le racisme, l'homophobie, l'antisémitisme. En parler ? Ne pas en parler ? Dire les mots ou pas ? Rien ne va plus, jamais. L'hypocrisie est partout.

Les quatre acteurs, et le quatrième inconnu Manuel Guillot, sont également exemplaires et TRES drôles. Les dialogues sont très vivants voire très vifs. C'est très drôle aussi. Oui je l'ai déjà dit. Je ne peux vous livrer la réplique dont je ne me remets pas mais voir Vincent Lindon sans moustache pour le tournage, s'en coller une pour la vraie vie donne une idée de la folie douce qui traverse la tête du réalisateur. Et les longs travellings forçant les personnages à échanger leurs répliques en marchant à vive allure me paraît être une véritable performance. Aucun ne tire la couverture, chacun apporte son aisance, sa personnalité, son professionnalisme et c'est admirable.

Du cinéma purement, simplement, joyeusement jubilatoire. J'en redemande ENCORE !

LaRouteDuCinema
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le 15 mai 2024

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